Mettre de l’ordre dans mes idées (2021)

Nous vivons une époque épique et nous n’avons plus rien d’épique. À New York le dentifrice chlorophylle fait un pâté de néon dans la forêt des gratte-ciel. On vend la musique comme on vend le savon à barbe. Le progrès, c’est la culture en pilules. Pour que le désespoir même se vende, il ne reste qu’à en trouver la formule. Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle. Qui donc inventera le désespoir ?
Léo Ferré – Préface de « Poète… vos papiers ! » (1953)
Le désespoir a été inventé et se vend par wagons entiers. La culture ? Même en pilules il est difficile aujourd’hui d’en trouver…
Anonyme (2021)
Articles publiés dans cette rubrique
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L’église de mon village
Je n’entends plus sonner les vêpres
De l’église de mon village
Où je suis né
C’était au moment où le jour déclinait
Quand les enfants cessaient de jouer
Et quittaient la place
De l’église de mon village
Où je suis né
Les nuages alors s’amoncelaient
Un peu de pluie
Un coup de vent (...)
par
Écrire
Écrire pour éviter de parler
Écrire pour apaiser la douleur
Écrire pour exprimer le bonheur
Écrire pour toucher le lecteur
Écrire pour dialoguer
Écrire pour échanger
Écrire parce que cela a du sens
Écrire pour sauver mon existence
Car je ne suis plus tout jeune et le temps avance
Le (...)
par
Mettre de l’ordre dans mes idées
Cette année j’ai décidé
De mettre de l’ordre dans mes idées
De les reprendre là où je les avais laissées
…
Mais…
Mince alors !
Mais où sont-elles ?
Je croyais qu’elles étaient dans ce carnet
Dans ce petit carnet noir dans son tiroir bien rangé
Visiblement non…
Peut-être alors dans (...)
par
Marche arrière
Quand on a plus rien à faire
On peut toujours regarder en arrière
Se souvenir de son passé
Et de tous ceux que l’on a aimé
Quant à ceux qui nous ont détestés
On les aura vite oubliés
Quand on leur aura pardonné
De nous avoir si durement blessé
Le retour vers les souvenirs de (...)
par
Les gros poissons
Le pêcheur regarde le bouchon Flotter sur l’étang Autour de lui voltige un bourdon Au loin un nénuphar peint en blanc
Rien ne mord à l’hameçon La canne à pêche docile pendule au vent Dort le goujon Et le brochet ? Il est aux abonnés absents Mais qu’importe Là n’est pas le plus important (...)
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Chuin
À JM et Guillemette
Une maison au bout du chemin
Un tilleul dans un coin du jardin
Sous son ombre une bouteille de vin
Attend que trinque une bande de copains
Une partie de pétanque sous un soleil rougeoyant
Les « Je tire où tu pointes ? » s’envolent dans les champs
Avant de (...)
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Hors la ville
J’ai quitté la ville ce matin
Au revoir Métropolitain
Adieu mes congénères urbains
Je ne vais pas vous regretter c’est certain
Depuis une heure je descends le long du chemin
Enivré par la douce odeur du romarin
Une vache un mouton deux poulains
Et trois adorables petits lapins
C’est (...)
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Un mot oublié
La liberté
On l’a chanté sur tous les tons
L’amour
Des romans entiers ont été écrits en son nom
Tous les thèmes
Les anathèmes
Le moindre mot du dictionnaire a eu droit
À son quart d’heure de télévision
Mais… qui es-tu
Toi qui te caches sous cette grosse pile de chiffons ?
Moi, (...)
par
Douche froide
Ce matin sous la douche
Je chantonne un air coquin
Je me lave la frimousse
Et si je prenais un bain ?
Une bougie
Plein de mousse
Je me fais un shampoing
L’eau qui coule est si douce
Mais bientôt je ronge mon frein
Elle me voit dans la glace
Mais arbore un air mutin
C’est trop tard (...)
par
L’arbre en papier
Un tiroir désordonné Plein de vieux papiers Des papiers d’un autre temps D’un temps où l’on ne recyclait pas encore les vieux papiers À cette époque pour un notaire ou un attaché aux registres On venait couper un arbre de temps à autre Pendant que non loin de là Quatre ou cinq de ses (...)