Les Dieux ont soif (1912)

« Ne me dis pas que la Révolution établira l’égalité, parce que les hommes ne seront jamais égaux ; ce n’est pas possible, et l’on a beau mettre le pays sens dessus dessous : il y aura toujours des grands et petits, des gras et des maigres. »

Cette réflexion choc prononcée par un des nombreux protagonistes du roman pourrait amener le lecteur à considérer « Les Dieux ont soif » comme un implacable réquisitoire de la période de la Terreur. Cela serait bien réducteur. Nous sommes avant tout en présence d’un texte remarquable où le romanesque, à l’aide d’un style et d’une mise en scène parfaitement maîtrisée est mis au service de la petite comme de la grande Histoire ; et bien entendu, du lecteur.

Les Dieux ont soif est également en lecture libre sur le site Atramenta.


Articles publiés dans cette rubrique

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXI

Cependant Julie Gamelin, vêtue de son carrick vert bouteille, allait tous les jours dans le jardin du Luxembourg et là, sur un banc, au bout d’une allée, attendait le moment où son amant paraîtrait à une des lucarnes du palais. Ils se faisaient des signes et échangeaient leurs pensées dans un (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXII

Une montagne s’est élevée subitement dans le jardin des Tuileries. Le ciel est sans nuages. Maximilien marche devant ses collègues en habit bleu, en culotte jaune, ayant à la main un bouquet d’épis, de bleuets et de coquelicots. Il gravit la montagne et annonce le dieu de Jean-Jacques à la (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXIII

Évariste Gamelin était las et ne pouvait se reposer ; vingt fois dans la nuit, il se réveillait en sursaut d’un sommeil plein de cauchemars. C’était seulement dans la chambre bleue, entre les bras d’Élodie, qu’il pouvait dormir quelques heures. Il parlait et criait en dormant et la réveillait ; (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXIV

On n’en finissait pas avec la conspiration des prisons. Quarante-neuf accusés remplissaient les gradins. Maurice Brotteaux occupait la droite du plus haut degré, la place d’honneur. Il était vêtu de sa redingote puce, qu’il avait soigneusement brossée la veille, et reprisée à l’endroit de la (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXV

Pendant que les charrettes roulaient, entourées de gendarmes, vers la place du Trône-Renversé, menant à la mort Brotteaux et ses complices, Évariste était assis, pensif, sur un banc du jardin des Tuileries. Il attendait Élodie. Le soleil, penchant à l’horizon, criblait de ses flèches enflammées (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXVI

Tandis que le soleil de thermidor se couchait dans une pourpre sanglante, Évariste errait, sombre et soucieux, par les jardins Marbeuf, devenus propriété nationale et fréquentés des Parisiens oisifs. On y prenait de la limonade et des glaces ; il y avait des chevaux de bois et des tirs pour les (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXVII

Tu dors, Robespierre ! L’heure passe, le temps précieux coule… Enfin, le 8 thermidor, à la Convention, l’incorruptible se lève et va parler. Soleil du 31 mai, te lèves-tu une seconde fois ? Gamelin attend, espère. Robespierre va donc arracher des bancs qu’ils déshonorent ces législateurs plus (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXVIII

Le 10, tandis que sur le grabat d’un cachot, Évariste, après un sommeil de fièvre, se réveillait en sursaut dans une indicible horreur, Paris, en sa grâce et son immensité, souriait au soleil : l’espérance renaissait au cœur des prisonniers ; les marchands ouvraient allègrement leur boutique, (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XXIX

La Seine charriait les glaces de nivôse. Les bassins des Tuileries, les ruisseaux, les fontaines étaient gelés. Le vent du nord soulevait dans les rues des ondes de frimas Les chevaux expiraient par les naseaux une vapeur blanche ; les citadins regardaient en passant le thermomètre à la porte (…)

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Des "mauvaises nouvelles" qui donnent de la voix

Mardi 07 mai 2024

En ce début de semaine, Monsieur Éric Lebret mettait sa voix au service d’une de mes nouvelles, intitulée Un bon coup de balai. Ce "comédien-voix" avait déjà mis son talent au service de deux autres "mauvaises nouvelles" :

Au bout du chemin
Très chère amie

Cher Monsieur Lebret, si vous deviez passer par ici, sachez combien votre initiative m’a touché et m’encourage à reprendre le chemin de l’écriture, chemin le long duquel il m’aura été nécessaire de quelque peu "marquer le pas" ces trois dernières années, même si mes chères poézies auront continué à m’accompagner pendant cette période.

À bientôt
Paul Jeanzé