Les Dieux ont soif (1912)

« Ne me dis pas que la Révolution établira l’égalité, parce que les hommes ne seront jamais égaux ; ce n’est pas possible, et l’on a beau mettre le pays sens dessus dessous : il y aura toujours des grands et petits, des gras et des maigres. »

Cette réflexion choc prononcée par un des nombreux protagonistes du roman pourrait amener le lecteur à considérer « Les Dieux ont soif » comme un implacable réquisitoire de la période de la Terreur. Cela serait bien réducteur. Nous sommes avant tout en présence d’un texte remarquable où le romanesque, à l’aide d’un style et d’une mise en scène parfaitement maîtrisée est mis au service de la petite comme de la grande Histoire ; et bien entendu, du lecteur.

Les Dieux ont soif est également en lecture libre sur le site Atramenta.


Articles publiés dans cette rubrique

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XI

Le matin du 7 septembre, la citoyenne Rochemaure, se rendant chez le juré Gamelin, qu’elle voulait intéresser à quelque suspect de sa connaissance, rencontra sur le palier le ci-devant Brotteaux des Ilettes, qu’elle avait aimé dans les jours heureux. Brotteaux s’en allait porter douze douzaines (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XII

Un soir que le vieux Brotteaux portait douze douzaines de pantins au citoyen Caillou, rue de la Loi, le marchand de jouets, doux et poli d’ordinaire, lui lit au milieu de ses poupées et de ses polichinelles, un accueil malgracieux. – Prenez garde, citoyen Brotteaux, lui dit-il, prenez garde ! Ce (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XIII

Évariste Gamelin siégeait au Tribunal pour la deuxième fois. Avant l’ouverture de l’audience il s’entretenait avec ses collègues du jury, des nouvelles arrivées le matin. Il y en avait d’incertaines et de fausses ; mais ce qu’on pouvait retenir était terrible. Les armées coalisées, maîtresses de (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XIV

Levé dès l’aube, le Père Longuemare, ayant balayé la chambre, s’en alla dire sa messe dans une chapelle de la rue d’Enfer, desservie par un prêtre insermenté. Il y avait à Paris des milliers de retraites semblables, où le clergé réfractaire réunissait clandestinement de petits troupeaux de (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XV

Il fallait vider les prisons qui regorgeaient ; il fallait juger, juger sans repos ni trêve. Assis contre les murailles tapissées de faisceaux et de bonnets rouges, comme leurs pareils sur les fleurs de lis, les juges gardaient la gravité, la tranquillité terrible de leurs prédécesseurs royaux. (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XVI

Après avoir, durant trois mois, sacrifié chaque jour à la patrie des victimes illustres ou obscures, Évariste eut un procès à lui ; d’un accusé il fit son accusé. Depuis qu’il siégeait au Tribunal, il épiait avidement, dans la foule des prévenus qui passaient sous ses yeux, le séducteur (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XVII

Le 24 frimaire, à dix heures du matin, sous un ciel vif et rose, qui fondait les glaces de la nuit, les citoyens Guénot et Delourmel, délégués du Comité de sûreté générale, se rendirent aux Barnabites et se firent conduire au Comité de surveillance de la section, dans la salle capitulaire, où se (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XVIII

La citoyenne Gamelin aimait le vieux Brotteaux, et le tenait pour l’homme tout ensemble le plus aimable et le plus considérable qu’elle eût jamais approché. Elle ne lui avait pas dit adieu quand on l’avait arrêté, parce qu’elle eût craint de braver les autorités et que dans son humble condition (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XIX

Pendant que le Père Longuemare et la fille Athénaïs étaient interrogés à la section, Brotteaux fut conduit entre deux gendarmes au Luxembourg, où le portier refusa de le recevoir, alléguant qu’il n’avait plus de place. Le vieux traitant fut mené ensuite à la Conciergerie et introduit au greffe, (…)

mardi 31 octobre 2023
par  Paul Jeanzé

XX

Évariste Gamelin, pendant une longue audience du Tribunal, à son banc, dans l’air chaud, ferme les yeux et pense : « Les méchants, en forçant Marat à se cacher dans les trous, en avaient fait un oiseau de nuit, l’oiseau de Minerve, dont l’œil perçait les conspirateurs dans les ténèbres où ils se (…)

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Des "mauvaises nouvelles" qui donnent de la voix

Mardi 07 mai 2024

En ce début de semaine, Monsieur Éric Lebret mettait sa voix au service d’une de mes nouvelles, intitulée Un bon coup de balai. Ce "comédien-voix" avait déjà mis son talent au service de deux autres "mauvaises nouvelles" :

Au bout du chemin
Très chère amie

Cher Monsieur Lebret, si vous deviez passer par ici, sachez combien votre initiative m’a touché et m’encourage à reprendre le chemin de l’écriture, chemin le long duquel il m’aura été nécessaire de quelque peu "marquer le pas" ces trois dernières années, même si mes chères poézies auront continué à m’accompagner pendant cette période.

À bientôt
Paul Jeanzé