Chapitre IV des Pirké Avot

lundi 5 décembre 2022
par  Paul Jeanzé
popularité : 19%

Michna 1. Ben Zoma dit : Qui est sage ? Celui qui apprend de tout homme, comme il est dit : « De tous ceux qui m’ont appris j’ai retenu » (Ps. 119:99). Qui est puissant ? Celui qui asservit son penchant, selon les mots : « Qui est lent à la colère est meilleur que le puissant, et qui gouverne son tempérament, que celui qui s’empare d’une ville » (Prov. 16:32). Qui est riche ? Celui qui se réjouit de sa part, comme il est dit : « Lorsque tu te nourris du labeur de tes mains, c’est un bonheur pour toi et un bien pour toi » (Ps. 128:2) « c’est un bonheur pour toi » dans ce monde, « et un bien pour toi » dans le monde à venir. Qui est honoré ? Celui qui honore les créatures, comme il est dit : « Car J’honore ceux qui m’honorent et ceux qui me méprisent seront amoindris » (I Sam. 2:30).

RACHI : « Celui qui apprend de tout homme », même de qui n’est pas plus grand que lui en sagesse, celui-là se fraye un passage partout où se trouvent des hommes de Torah sans en avoir honte. « De tous ceux qui m’ont appris j’ai retenu » : j’ai écouté et retenu les paroles de tous ceux qui voulurent m’enseigner quelque chose, sans honte aucune.

MAHARAL DE PRAGUE : Il y a lieu de se demander pour quelle raison il qualifie de sage celui qui apprend de tout homme et non celui qui connait bien la Torah […]. De même, qualifier de riche celui qui se réjouit de sa part est en soi juste puisqu’il se suffit à lui-même, mais ce faisant il exclut explicitement de son propos toute autre forme de richesse, puisqu’il donne à entendre que seul celui qui se réjouit de sa part est riche. Une telle exclusion est embarrassante, car pourquoi ne serait pas qualifié de riche celui qui possède des champs, des vignobles et des esclaves par centaines [...] ? Enfin, pourquoi ne retient-il en particulier que ces quatre vertus (sagesse, richesse, puissance et honneur) et n’inclut-il pas dans son propos d’autres types de vertus ? La réponse générale est la suivante : Ben Zoma a voulu expliquer la nature des biens qui sont propres à l’homme [...]. Or, ne sont considérés comme des biens que ceux qui font partie intégrante de l’individu lui-même [1], ainsi ces quatre choses sont liées à l’homme et entrent dans sa définition : la sagesse s’applique à l’intellect de l’homme pour autant qu’il est homme, la puissance s’applique à l’âme de l’homme pour autant qu’il est homme, la richesse s’applique aux acquisitions de l’homme pour autant qu’il ne peut s’en passer et l’honneur est propre à l’homme lui-même comme nous l’expliquerons. C’est pourquoi [...] chaque être humaine doit les [les vertus] faire siennes et ne pas les traiter comme des biens extérieurs à lui.
En ce sens, il a déclaré : « Qui est sage ? Celui qui apprend de tout homme. » Car le terme de sage qualifie l’homme en lui-même en tant qu’il est nommé ainsi [i.e. on dit « c’est un sage »] ; et puisque ce nom est attribué à l’individu, il convient de ne qualifier ainsi que celui qui possède par lui-même cet attribut. [...] Il convient d’appeler « sage » celui qui apprend de tout homme, c’est-à-dire celui qui désire par lui-même la sagesse au point de l’apprendre de tout homme. [...] Tandis que s’il n’apprend pas de tout homme mais seulement d’un maître réputé pour sa grande sagesse, sa sagesse sera dépendante du maître en question, elle viendra de l’extérieur et non de lui-même, puisque c’est l’importance du maître qui en conditionnera la réception.
Il a dit de même : « Qui est puissant ? Celui qui asservit son penchant », autrement dit tout bien doit pouvoir exister de par le sujet auquel il est attribué et non provenir d’autre chose que lui. Et s’il est appelé « puissant » parce qu’il a su vaincre quelqu’un d’autre, sa puissance sera due à celui qu’il a vaincu et ne sera pas empreinte dans le vainqueur lui-même, car ce n’est pas lui-même qu’il a vaincu. [...] Soumettre son penchant, en revanche, est le fait de l’homme lui-même et ne lui vient pas d’un autre ; c’est la raison pour laquelle il convient de le nommer « puissant ». De plus, il est exclu de tenir pour puissant celui qui montre sa force en asservissant autrui pour la raison que ce genre de force se trouve davantage chez l’animal que chez l’être humain [...].
Il déclara pareillement : « Qui est riche ? Celui qui se réjouit de sa part », car il ne convient pas non plus de qualifier quelqu’un de riche en fonction de l’abondance des richesses qu’il conserve dans sa grange ou dans son coffre [...]. Il ne convient de nommer « riche » que celui qui se réjouit de sa part, car se faisant il est riche en esprit [...]. Un tel homme est, en effet, le plus riche des hommes, car à toute richesse il manque toujours quelque chose et celui qui a des milliers paraît pauvre en regarde de celui qui a des millions. Or, qui se réjouit de sa part ne manque de rien et c’est là l’une des manières de se défaire radicalement du règne matériel. En ce sens il a déclaré : « C’est un bonheur pour toi en ce monde » en ce que tu es détaché du règne matériel ; et à plus forte raison « dans le monde à venir » qui est totalement débarrassé de la matière, connaîtra-t-il un bien parfait, qui est évidemment le plus élevé des biens…
Enfin, il dit de même : « Qui est honoré ? Celui qui honore les créatures », pour la même raison, à savoir qu’il ne convient pas d’attribuer l’honneur à celui que les autres honorent, car cet honneur n’est pas l’effet du sujet auquel il s’applique puisqu’il est aux mains des autres qui l’honorent. Ainsi, qui honore autrui est réellement le sujet de l’honneur et c’est lui qu’il sied d’honorer.

Michna 2. Ben Azaï dit : Empresse-toi autant vers le commandement facile que vers le commandement difficile et fuis la transgression ; car l’accomplissement d’un commandement entraîne l’accomplissement d’un [autre] commandement et la transgression entraîne une [autre] transgression ; de plus le salaire du commandement est le commandement et le salaire de la transgression la transgression.

RABBÉNOU YONA : Il faut se précipiter vers le commandement facile car l’accomplissement d’un commandement entraîne l’accomplissement d’un autre commandement de manière naturelle. En accomplissant un petit commandement, en effet, l’homme se rapproche de Hachem et s’habitue à le servir ; l’accomplissement d’un autre commandement lui paraît alors plus facile, quand bien même demanderait-il plus d’effort que le premier. Mieux encore, parce qu’il a déjà habitué sa nature au travail des commandements, lorsqu’il devra en accomplir un deuxième puis un troisième, même s’ils coûtent beaucoup plus d’efforts que le premier, il les accomplira cependant aisément pour la raison que l’habitude gouverne l’homme, et lorsque celle-ci le gouvernera de manière particulièrement forte il accomplira alors tous les commandements.
« La transgression entraîne une [autre] transgression » est aussi un phénomène naturel, puisqu’après avoir commis une transgression et s’être éloigné du service de Hachem, il viendra à en commettre une deuxième, etc...
« Car le salaire du commandement est le commandement » : Le Saint, béni soit-Il, n’a pas remis entre les mains de l’homme le bien et le mal mais uniquement le libre choix, ainsi qu’il est dit : « C’est la vie et la mort que j’ai placées devant toi, la bénédiction et la malédiction, et tu choisiras la vie afin de vivre, toi et ta descendance » (Deut. 30:19). Et puisque Hachem a déjà décidé du chemin que l’homme doit suivre, si celui-ci s’engage dans la voie du bien, Hachem sera avec lui et lorsqu’il accomplira un commandement Il l’aidera à en accomplir un deuxième, car de lui-même l’homme est impuissant à faire le bien. [...] Le fruit du commandement est le commandement, et que l’on en mange les fruits dans ce monde en ce que Hachem nous aide à accomplir d’autres commandements, tandis que le capital de notre salaire augmente et demeure pour le monde à venir.

Michna 3. Il disait : Ne sois méprisant envers aucun homme et ne mésestime aucune parole, car il n’est pas d’homme qui n’ait son lieu ni de parole qui n’ait son heure.

RAMBAM : Il déclare qu’il y a nécessairement pour tout homme un moment au cours duquel il peut te nuire ou te procurer des avantages, serait-ce même par la plus petite des choses ou par ce qui a la plus infime valeur ; et si tu l’as auparavant méprisé, il te nuira en te portant un préjudice quelconque.

Michna 4. Rabbi Lévitas de Yabné dit : Sois très, très effacé car l’espérance de l’homme c’est la vermine. Rabbi Yohanan fils de Beroka dit : Quiconque profane le nom des cieux en secret devra rendre des comptes en public ; agir par mégarde ou délibérément revient au même dans la profanation du Nom.

RAMBAM : Nous avons indiqué dans les chapitres précédents que l’humilité est l’une des suprêmes dispositions saines et qu’elle est la juste moyenne entre l’orgueil et l’effacement de soi. [...] Prends exemple sur Moïse notre maître qui était parfait dans toutes les dispositions morales et intellectuelles, outre qu’il avait été élevé jusqu’à la prophétie, père en sagesse, père e prophétie et père en Torah ; or au lieu de tout cela l’Écriture ne l’a loué que pour son humilité, comme il est dit : « L’homme Moïse était très humble, plus que tout homme sur la terre ».
« Sois très, très effacé car l’espérance de l’homme c’est la vermine », autrement dit : corrige-toi de manière à te détacher de l’orgueil en méditant le sort de ton corps qui finira en vermine.
Quiconque profane le nom des cieux en secret devra rendre des comptes en public ; agir par mégarde ou délibérément revient au même dans la profanation du Nom. Tu sais par l’Écriture que la faute commise par mégarde est un dévoiement et qu’elle nécessite donc une expiation à travers un sacrifice, au sujet duquel il est dit : « L’Éternel lui pardonnera la faute qu’il a commise ». Mais il ne fait aucun doute qu’une faute commise par mégarde n’est pas semblable à un dévoiement intentionnel, car ce serait faire insulte à Sa justice que d’assimiler de quelque façon que ce soit un acte intentionnel avec un acte qui ne l’est pas. Rabbi Yohanan fils de Beroka dit donc ici à propose de la profanation du Nom : qu’elle soit commise délibérément ou par mégarde, c’est publiquement que son auteur devra rendre des comptes. S’il a agi délibérément il sera châtié pour une faute délibérée, et s’il agi par mégarde il sera châtié pour une faute de cette nature, cependant que [malgré leurs différences] les deux châtiments seront publics.

Michna 5. Rabbi Ismaël son fils dit : À celui qui étudie afin d’enseigner est donné d’étudier et d’enseigner, mais à celui qui étudie afin d’accomplir est donné d’étudier, de garder et d’accomplir. Rabbi Tsadok dit : ne fais pas de la Torah une couronne pour t’ennoblir ni une pioche pour creuser. Car comme le disait Hillel : « Qui cherche un profit dans la couronne se perd », ce qui t’enseigne que celui qui tire profit des paroles de la Torah ôte sa vie du monde.

RABBÉNOU YONA : « À celui qui étudie afin d’enseigner, etc. » : il ne s’agit évidemment pas de celui qui étudierait afin d’enseigner mais non d’accomplir, car à celui-là ne serait donné ni d’étudier ni d’enseigner ; mais il est question ici de celui qui étudierait dans l’intention d’observer le permis et l’interdit en appliquant ce qu’il trouve écrit littéralement, et sans peiner ni réfléchir beaucoup au cas où certaines choses permises seraient peut-être interdites, car il prend les choses comme elles se donnent. Sa pensée est donc la mesure de ce qui lui sera donné de réaliser, à savoir uniquement étudier et enseigner.
« À celui qui étudie afin d’accomplir est donné d’étudier, de garder et d’accomplir. » : son intention est de discuter tout ce qu’il étudie afin d’en connaître la vérité, et il est résolu à peiner plusieurs jours et plusieurs années pour comprendre fût-ce une petite chose, et se conduire d’après la vérité ; celui-là étudie afin d’accomplir, car sa pensée vise essentiellement l’accomplissement seul dans ce qu’il a d’authentique. C’est pourquoi il lui est donné d’étudier, d’enseigner et d’accomplir, car tout est inclus dans l’accomplissement.

RAMBAM : « Qui cherche un profit dans la couronne se perd ». C’est l’histoire d’un homme qui avait un vignoble que des voleurs pillaient régulièrement. Chaque jour, il inspectait sa vigne et constatait que le nombre de raisins diminuait et qu’il en manquait. Depuis qu’un voleur s’était intéressé à son vignoble, celui-ci ne lui suffisait plus et il s’en désola affreusement jusqu’à l’époque des vendanges. Il récolta alors ce qui restait, puis étala ses raisins à terre pour les faire sécher et les recueillir ensuite une fois séchés. Or les gens ont l’habitude, lorsqu’ils recueillent ses fruits secs, d’abandonner les petites figues ou les raisins tombés à terre ; il est donc permis à tout homme de les manger puisque, leur propriétaire les ayant volontairement abandonnés du fait de leur petit nombre, ils dont à la disposition du premier venu. Or, voici qu’à l’occasion Rabbi Tarfon pénétra un jour dans ce vignoble, s’assit pour recueillir les raisins secs qui étaient restés à terre et les mangea. Le propriétaire survint à ce moment et pensa qu’il avait affaire à son voleur qui l’avait dépouillé toute l’année, car il ne connaissait Rabbi Tarfon que de nom. Il se précipita, se jeta sur lui, l’empoigna et le mit dans un sac ; puis il plaça le sacs sur son dos et courut à la rivière pour l’y jeter. Lorsque rabbi Tarfon comprit qu’il était perdu, il cria à pleine voix : « malheur à toi, Rabbi Tarfon, car celui-là va te tuer ! » À ces mots, le propriétaire du vignoble s’arrêta net, l’abandonna et s’enfuit en s’apercevant qu’il avait commis une énorme méprise. Mais tout le restant de sa vie, Rabbi Tarfon souffrit et s’attrista de cet épisode au cours duquel il avait sauvé sa vie grâce à la gloire de la Torah, alors qu’il était personnellement très riche et qu’il aurait pu lui dire aussi bien : laisse-moi la vie et je te donnerai tant et tant de dinars, sans lui faire savoir qui il était, sauvant ainsi sa vie grâce à son argent et non grâce à la gloire de la Torah

Michna 6. Rabbi Yossé dit : Qui respecte la Torah, son corps est tenu en respect par les créatures ; mais qui profane la Torah, son corps est profané devant les créatures.

RAMBAM : « Respecter la Torah » c’est respecter ses commandements et se montrer empressé pour les accomplir, c’est respecter les sages qui la font exister et les livres écrits à son sujet. « Profaner la Torah » c’est faire l’inverse de ces trois choses.

Michna 7. Rabbi Ismaël son fils dit : Celui qui s’épargne la fonction de juge se délivre de la haine, du vol et du vain serment ; celui qui s’enorgueillit dans l’enseignement est un fou, un méchant homme et un fat.

RABBÉNOU YONA : « Celui qui s’épargne la fonction de juge, etc. » Certes, c’est un commandement de juger les affaires des hommes, mais cela n’est vrai que lorsqu’il n’y a pas d’autres juges sur la place ; et tant que l’on peut s’épargner la fonction de juge, il vaut mieux en laisser la charge aux autres et se tenir éloigné de nombre d’indécisions. « Il se délivre de la haine », car celui que le tribunal rend coupable sort en haïssant ses juges ; « du vol », car il peut lui arriver d’obliger quelqu’un à payer alors qu’il n’est pas coupable, et sa sentence pèse dès lors sur lui comme s’il l’avait personnellement volé ; « du vain serment », car il se peut qu’il oblige quelqu’un à jurer dans un cas où il n’a pas à le faire, et il l’aura alors fait trébucher par un vain serment.
« Celui qui s’enorgueillit dans l’enseignement » : Rabbi Ismaël a fait suivre son précédent propos concernant celui qui s’épargne la fonction de juge, par celui qui en est l’exact opposé. Car qui refuse d’être juge veut s’épargner la charge d’une décision qui demande patience et longue réflexion, tandis que celui qui enseigne avec vanité pense qu’il sait enseigner la règle à suivre et qu’il ne saurait se tromper, or une telle attitude montre qu’il est fou. Car est appelé « fou » qui est sage à ses propres yeux, et il n’y a pas plus fou que celui-là puisqu’à côté de lui, même l’imbécile qui commet des transgressions n’ignore pas qu’il ne suit pas le bon chemin et il ne s’imagine pas qu’il ne se trompe pas. Il y a donc encore un espoir pour lui, car il peut revenir vers Hachem. Celui qui se prend pour un sage, en revanche, et qui s’enorgueillit dans l’enseignement, quel espoir lui reste-t-il puisqu’il se croit sage ? Comment pourrait-il revenir puisque cela signifierait à ses yeux l’abandon de la sagesse et de la connaissance ? Et il est aussi un « méchant homme » car, même après l’avoir qualifié de fou, Rabbi Ismaël n’a pas exclu qu’il pouvait craindre la faute. C’est pourquoi il est contraint d’ajouter qu’il est « méchant », car s’il craignait les cieux il ne se précipiterait pas tant pour parler, sachant que l’erreur est fréquente chez les hommes et que l’homme est toujours près de se tromper. Et après l’avoir qualifié de fou et avoir dit qu’il ne craint pas la faute, il ajoute qu’un sage qui s’enorgueillit, fût-il particulièrement grand et avisé, montre par sa vanité et son infatuation qu’il ne cherche que le pouvoir et que sa prétention à l’enseignement n’a d’autre but que d’impressionner le monde par la rapidité avec laquelle il tranche une affaire, et de montrer aux autres qu’il est sage afin qu’ils le nomment à leur tête et en fassent leur maître. Telle est sa sordide pensée. Ces trois choses sont donc propres à celui qui enseigne avec vanité et décide sans crainte ni peur. Que le Lieu nous délivre de ce genre d’hommes par sa grande pitié.

RAMBAM : « Celui qui s’enorgueillit dans l’enseignement » : il ne redoute pas d’enseigner et il approche l’enseignement sans angoisse et sans sûreté de jugement.

Michna 8. Il disait aussi : Ne juge pas seul car personne, excepté l’Un, ne juge seul ; et ne dis pas aux autres : Adoptez mon avis, car ce sont eux qui décident et non toi.

RAMBAM : La Torah a permis à celui qui est compétent auprès des gens de juger seul ; mais si la Torah en reste là, les sages, de leur côté, mettent en garde ici celui qui voudrait agir ainsi, non sous forme d’interdit, mais dans une perspective morale. Et Rabbi Ismaël ajoute : si tes compagnons sont en désaccord avec ton point de vue, ne les contrains pas à l’accepter, car ils sont libres d’accepter ou non tes paroles tandis que tu n’es pas libre de les y contraindre.

Michna 9. Rabbi Yonathan dit : Qui réalise la Torah dans la misère finira par l’accomplir dans la richesse ; et qui néglige la Torah dans la richesse finira par la négliger dans la misère.

RAMBAM : Il dit que celui qui étudie la Torah alors qu’il est pauvre et pressé par la nécessité, et qui doit s’oppresser lui-même pour ce faire, finira par l’étudier dans l’aisance et sans que rien ne trouble son étude. Tandis que celui qui néglige l’étude à cause de l’ampleur de ses biens, parce qu’il est occupé à manger, à boire et à profiter, finira dans la ruine et le temps lui fera défaut, de sorte que son abandon de l’étude aura alors pour cause sa gêne à se procurer son pain quotidien.

Michna 10. Rabbi Méïr dit : Restreins tes affaires et affaire-toi à la Torah. Sois effacé devant tout homme. Et si tu négliges la Torah, il y a de nombreuses choses négligeables qui t’attendent ; mais si tu peines dans la Torah, il y a un important salaire à te donner.

RAMBAM : « Sois effacé devant tout homme », c’est-à-dire pas seulement devant les grands mais devant tout homme ; ainsi, quel que soit l’homme avec qui tu te trouves, tu dois converser et te lier avec lui en faisant comme s’il était plus grand que toi, ce qui a pour fin de l’éloigner de l’orgueil.
« Il y a de nombreuses choses négligeables qui t’attendent » : il y a beaucoup de choses négligeables qui attendent que quelqu’un s’en occupe, et si tu ne t’affaires pas à la Torah, on t’embarrassera l’existence avec l’une d’entre elles.

RABBI HAYIM DE VOLOZYNE : « Sois effacé devant tout homme » : il arrive, en effet, lorsqu’on est seul avec soi-même, que l’on prenne conscience de son insuffisance et l’on en devient humble. Mais, lorsque l’on est en compagnie d’autres hommes, on oublie tout et l’on retrouve sa superbe. C’est pourquoi il faut être humble « devant » (i.e. en présence) de tout homme.

Michna 11. Rabbi Eliézer fils de Jacob dit : Qui accomplit un commandement acquiert en sa faveur un avocat, mais qui commet une transgression acquiert contre lui un accusateur. Le repentir et les bonnes actions sont comme un bouclier en face du châtiment. Rabbi Yohanan le Sandalier dit : Tout rassemblement qui se fait pour le nom des cieux a pour fin de demeurer, mais celui qui ne se fait pas pour le nom des cieux n’a pas pour fin de demeurer.

RAMBAM : avocat, c’est celui qui défend l’homme devant le roi et s’efforce de le laisser vivre. Accusateur : c’est celui qui dénonce l’homme devant le roi et s’efforce de le perdre. Et il ajoute que le repentir après de mauvaises actions ou bien les bonnes actions elles-mêmes ont chacun pouvoir d’empêcher que les souffrances et les plaies ne s’abattent sur l’homme.

RABBÉNOU YONA : « Tout rassemblement qui se fait pour le nom des cieux etc. » : un rassemblement pour la Torah et les bonnes actions, c’est là ce qui s’appelle un rassemblement pour le nom des cieux. « Mais celui qui ne se fait pas pour le nom des cieux » : c’est-à-dire lorsque les hommes se rassemblent pour que l’un ait pouvoir sur l’autre et que chacun se glorifie aux dépens du prochain.

Michna 12. Rabbi Elazar fils de Chamoua dit : Que l’honneur de ton disciple te soit aussi cher que le tien, et l’honneur de ton compagnon autant que la crainte de ton maître, et la crainte de ton maître autant que la crainte des cieux.

RABBÉNOU YONA : « Rabbi Elazar fils de Chamoua dit : Que l’honneur de ton disciple te soit aussi cher que l’honneur de ton compagnon », c’est-à-dire chacun selon l’honneur qui lui est dû. Il ne veut pas dire, en effet, qu’il faut honorer son disciple autant que son compagnon, car telle n’est pas la règle, mais que de même que tu n’as pas le droit d’amoindrir le respect dû à ton compagnon, tu n’as pas non plus le droit de diminuer le respect dû à ton disciple.
« L’honneur de ton compagnon autant que la crainte de ton maître, et la crainte de ton maître autant que la crainte des cieux » : l’honneur fait partie de la crainte tandis que la crainte ne fait pas partie de l’honneur, comme le montre le verset : « Un fils honore son père et un esclave son maître ; si je suis père où est Mon honneur ? Et si Je suis maître où est Ma crainte ? » Il est fait mention de l’honneur au regard du fils et de la crainte au regard de l’esclave, car les choses sont effectivement ainsi. Et la michna évoque conjointement la crainte du maître et celle des cieux, car la crainte du maître est le fondement de la crainte des cieux puisque le maître enseigne à son disciple la Torah et la crainte de l’Éternel. En retour, qui aime la Torah aime aussi les sages, et qui craint la parole de l’Éternel découvre aussi la crainte des cieux auprès de celui qui l’enseigne et qui le conduit dans le droit chemin. Voilà pourquoi il est question d’une crainte du maître. En revanche, s’agissant d’un disciple ou d’un compagnon, il n’est question que d’honneur et non de crainte, car on n’a pas d’obligation de les craindre. Enfin, cette michna t’apprend que l’honneur de ton disciple doit être finalement aussi cher à tes yeux que l’obligation de la crainte des cieux, et que tu n’as pas à négliger davantage celui-ci que celle-là puisqu’ils constituent un ensemble dans lequel chacun dépend de l’autre. Tous les quatre se donnent ainsi conjointement sur le même plan : l’honneur en fonction de ce qui convient à chacun et la crainte en fonction de ce qui est requis pour chacun.

Michna 13. Rabbi Juda dit : Prends garde dans l’enseignement car une erreur d’inadvertance commise dans l’enseignement compte autant qu’une faute préméditée. Rabbi Chimon dit : Il y a trois couronnes : la couronne de la Torah, la couronne de la prêtrise et la couronne de la royauté. Et la couronne du renom les dépasse toutes.

« Rabbi Juda dit : Prends garde dans l’enseignement, etc. » : il dit qu’il faut revenir sans cesse sur son étude jusqu’à ne plus pouvoir l’oublier et jusqu’à pénétrer au fond des choses. Car la nature de l’homme est telle que sa compréhension de la sagesse est toujours trop étroite et que l’oubli lui est fréquent ; et l’on ne peut non plus se fier à sa pensée première. Dans ce domaine, l’inattention est donc considérée comme une faute délibérée.

« Il y a trois couronnes » : ce sont les trois plus hautes élévations qui aient été offertes au peuple d’Israël, à savoir : la prêtrise, la royauté et la Torah. Aaron mérita la prêtrise, David mérita la royauté et la couronne de la Torah est laissée à la disposition de quiconque veut s’en coiffer. Les sages ont ajouté que si tu penses que cette dernière est inférieure aux deux autres, sache que ce n’est pas le cas, mais qu’elle est au contraire plus grande que celles-ci, car elles n’existent que grâce à elle, comme il est dit : « Par moi (la sagesse, i-e la Torah) les rois règneront [...] et les princes serviront » (Prov. 8:15-16). Quant à la couronne de renom, elle s’acquiert aussi dans la Torah, c’est-à-dire dans son étude et dans l’accomplissement de ses commandements, car c’est de cette façon que se forme une renommée véritable.

Michna 14. Rabbi Nehoraï dit : Exile-toi vers un lieu de Torah, et ne dis pas qu’elle te suivra [ni que] [car] tes compagnons te la remettront entre les mains, et ne te fie pas à ton intelligence.

RACHI : « Exile-toi vers un lieu de Torah » : vers le lieu où se trouve le maître. « Et ne dis pas qu’elle te suivra » : que le maître se déplacera pour venir t’enseigner à l’endroit où tu te trouves. « [Ni que] tes compagnons te la remettront entre les mains » : qu’ils répondront à toutes tes incertitudes. « Et ne te fie pas à ton intelligence » : ne crois pas que tu n’as pas besoin d’aller étudier auprès d’un maître et que tu peux de toi-même atteindre le fond de la halakha.

RAMBAM : Il dit de rechercher un lieu d’étude, car avec l’aide des autres ton étude s’affermira et prendre consistance. Et ne te fie pas à ton intelligence en t’imaginant que tu n’as pas besoin des autres, ni de disciples qui t’éveilleront.

Michna 15. Rabbi Yanaï dit : Ni le confort des injustes, ni même la souffrance des justes, ne sont entre nos mains. Rabbi Matia fils de Harach dit : Sois le premier à saluer tout homme, et sois à la queue des lions plutôt qu’à la tête des chacals.

RACHI : « Ni le confort des injustes, ni même la souffrance des justes, ne sont entre nos mains », car la raison pour laquelle la voie des injustes leur réussit nous est inconnue. Selon d’autres, ce propos signifie que la logique veut que les méchants ne vivent pas dans le confort ni les justes dans la souffrance, mais que le sort n’est pas entre nos mains, mais aux mains du Saint, béni soit-Il, qui donne la tranquillité [en ce monde] au méchant afin que celui prenne sa part et la part du juste dans la géhenne, et donne la souffrance au juste [en ce monde] au méchant afin que celui-ci prenne sa part et la part du méchant dans le jardin d’Eden. Car tout homme a deux parts, l’une dans le jardin d’Eden et l’autre dans la géhenne ; et le juste qui mérite prend sa part et celle de qui n’est pas juste, tandis que le méchant qui se rend coupable prend sa part et celle de qui n’est pas méchant.
« Sois le premier à saluer tout homme » : même le non-juif que tu rencontres au marché. « Sois à la queue des lions plutôt qu’à la tête des chacals », c’est-à-dire, sois plutôt à la queue des gens de bien qu’à la tête des vauriens.

RAMBAM : Il dit qu’il vaut mieux se faire plutôt le disciple de qui est plus grand que soi en sagesse que de qui nous est inférieur, car on y gagne dans la première situation tandis qu’on y perd dans la seconde.

Michna 16. Rabbi Jacob dit : Ce monde ressemble à un portique ouvert sur le monde à venir ; prépare-toi en ce portique afin de pénétrer dans le palais.

RAMBAM : [...] En ce monde sont acquises les dispositions saines grâce auxquelles l’homme mérite la vie du monde à venir, et ce monde n’est que le chemin et le passage qui y mène.

Michna 17. Il disait aussi : Une heure de repentir et de bonnes actions en ce monde est plus belle que toute la vie du monde à venir. Mais une heure de contentement dans le monde à venir est plus belle que toute la vie en ce monde.

RAMBAM : Il n’y a, après la mort, ni perfection ni augmentation, et l’homme n’acquiert la perfection et n’augmente sa proximité d’avec le vrai qu’en ce monde seulement. Ainsi, la situation dans laquelle l’homme s’en va est celle qu’il conservera éternellement. Il convient donc de faire effort pendant ce court laps de temps et de ne passer qu’en étude seulement, car le défaut d’étude est une lacune énorme que rien ne peut remplacer ni rembourser. Pour avoir compris cela, les sages ont conçu de consacrer leur temps à l’étude et à l’accroissement de leur sagesse. Et à la vérité, ils profitèrent de leur temps dans sa totalité et n’en perdirent que fort peu à s’occuper de choses matérielles, s’affairant seulement à ce dont il est impossible de se passer. Tandis que les autres perdirent totalement leur temps à s’occuper des seules choses matérielles, et ils quittèrent le monde comme ils y étaient venus, « il part semblable à ce qu’il était en arrivant » (Ecc. 5:15) et la perte qu’ils subissent est éternelle. Mais les gens du commun renversent la vérité et affirme en chœur que c’est le premier groupe qui a manqué le monde, tandis que le second seul en a profité, mais c’est exactement l’inverse comme il a été dit : « Ils disent du mal qu’il est bien et du bien qu’il est mal, prennent l’obscurité pour la lumière et la lumière pour l’obscurité, confondent l’amer et le doux et le doux et l’amer. Malheur à ceux qui se croient sages et qui se prennent pour des gens intelligents » (Is. 5:20-21). Ainsi le fondement de Kohélet : il n’y a pas de profit nouveau après la mort, et aucune possibilité d’obtenir ce qui a été perdu ici.

Michna 18. Rabbi Chimon fils d’Elazar dit : Ne cherche pas à calmer ton compagnon au moment de sa colère, ni à le consoler tant que le mort [qu’il pleure] est étendu devant lui, ni à le questionner au moment de son vœu et ne t’efforce pas de le voir au moment de son déshonneur.

RABBÉNOU YONA : « Ne cherche pas à calmer ton compagnon au moment de sa colère », il en viendrait, en effet, à dire des choses inconvenantes, car cela ajouterait encore à sa colère. « Ni à le consoler tant que le mort est étendu devant lui », car en ce moment douloureux, la consolation provoquerait sa colère et il en viendrait à proférer de mauvaises paroles. « Ni à le questionner au moment de son vœu » : ne lui demande pas quelles possibilités de le libérer de son vœu il a laissé ouvertes, en lui disant : C’est bien dans telle intention que tu as formulé ton vœu ? Car, alors qu’il est sous le coup de la colère et fais serment, il en viendrait à répondre à toutes les questions qu’on lui pose et à en inclure tous les aspects dans son vœu, de sorte qu’il ne resterai plus la moindre possibilité de l’en libérer ; la conséquence lui serait donc préjudiciable.
RAMBAM : Cela est évident et fait partie des questions morales qui améliorent une société, à savoir que l’homme ne doit déposer ses paroles qu’à l’endroit qui leur convient. « Et ne t’efforce pas de le voir » et de lui faire honte à ton tour, « au moment de son déshonneur », c’est-à-dire au moment où il commet une faute et où il en a honte ; dans ces moments-là tu n’as pas à le voir ni à l’humilier.

Michna 19. Samuel le Petit dit : « Ne te réjouis pas de la chute de ton ennemi et n’égaye pas ton cœur lorsqu’il trébuche, de peur que l’Éternel ne le considère mal et qu’Il ne détourne de lui Sa colère » (Prov. 24:17-18).

RABBÉNOU YONA : Que vient nous apprendre Samuel le Petit par ces mots, n’est-ce pas en soi un verset dont l’auteur est Salomon ? Samuel avait toutefois l’habitude de répéter ce verset, parce que c’est un enseignement nécessaire et que les hommes trébuchent régulièrement sur ce point. En effet, même si ton ennemi est un injuste, tu n’as pas à te réjouir de son malheur si ce n’est par rapport à l’Éternel seul. Je veux dire que le juste ne doit pas se réjouir de la chute des méchants, sauf si sa joie signifie qu’à travers cette chute s’exprime la gloire des cieux, ni chercher à contenter de cette manière la haine des injustes. Et cela vaut à fortiori pour celui dont les actions sont aussi pourries que celles de son ennemi, car s’il égaye « son cœur lorsque [ce dernier] trébuche », son mal est grand ; pourquoi se réjouirait-il, en effet, puisqu’il ne vaut pas mieux que lui ?
Il fait état cependant d’une autre version [de ce verset], qui se terminerait ainsi : « Il n’est pas écrit "Sa colère" mais "sa face", ce qui nous enseigne que toutes ses fautes lui seraient alors pardonnées. » Dans ce cas, Samuel nous donne à entendre une chose particulièrement neuve ; en voyant quelqu’un se réjouir de la chute de son ennemi, Hachem pardonnerait à cet ennemi et le relèverait, en guise de châtiment pour celui qui s’est réjoui.

Michna 20. Elicha fils d’Abouya dit : À quoi peut être comparé celui qui étudie la Torah dans son enfance ? À une encre tracée sur un parchemin neuf. Et à quoi peut être comparé celui qui étudie la Torah dans sa vieillesse ? À une encre tracée sur un palimpseste [2]. Rabbi Yossé fils de Juda du village de Babli dit : À quoi peut être comparé celui qui apprend la Torah d’hommes jeunes ? À celui qui mange des raisins verts et boit du vin sortant du pressoir. Et à quoi peut être comparé celui qui apprend la Torah d’hommes âgés ? À celui qui mange des raisins mûrs et boit du vieux vin. Rabbi dit : Ne t’intéresse pas au récipient mais à ce qui est dedans. Il y a des récipients neufs pleins de vieux vin et des récipients anciens qui ne contiennent même pas de vin nouveau.

RAMBAM : « Elicha fils d’Abouya dit : À quoi peut être comparé celui qui étudie la Torah dans son enfance, etc » : Il dit que ce que l’on étudie étant jeune dure et ne s’oublie pas facilement, tandis que ce que l’on étudie dans un âge avancé, c’est le contraire.
Rabbi Yossé dit que les connaissances des hommes jeunes comportent un certain nombre de doutes et de questions non analysées, et qu’elles ne sont pas non plus libérées de toutes les objections susceptibles de leur être opposées, car le temps leur a manqué pour revenir sur ces connaissances et en écarter les éléments douteux. Mais Rabbi dit : ne juge pas le vin à son récipient, car il y a des récipients nouveaux qui contiennent du vieux vin et des récipients anciens qui sont vides et ne contiennent rien du tout. De même, il existe des hommes jeunes dont les questions et les connaissances ont été épurées et débarrassées de leur confusion, à l’image du vieux vin débarrassé de sa lie et de ses parties grossières ; tandis qu’il existe des hommes âgés dépourvus de toute sagesse, et qui n’ont donc même pas, à fortiori, de connaissances confuses et mélangées.

Michna 21. Rabbi Rlazar Hakapar dit : La jalousie, la concupiscence et l’ambition expulsent l’homme du monde.

RAMBAM : Il dit que la jalousie, la concupiscence et l’amour de la gloire expulsent l’homme du monde, car ces mauvaises dispositions, ou même une seule d’entre elles, lui feront perdre nécessairement la foi en la Torah, et il n’acquerra ni saine disposition intellectuelle ni saine disposition morale.

Michna 22. Il disait : Ceux qui naissent vont à la mort et ceux qui meurent seront ressuscités ; et les vivants vont au jugement afin que l’on sache, que l’on fasse savoir et que soit su qu’Il est Hachem, qu’Il est le formateur, qu’Il est le créateur, qu’Il est la clairvoyance, qu’Il est le juge, qu’Il est le témoin et la partie, et qu’Il est appelé à rendre sentence. Béni soit6il, car en sa présence n’est nulle injustice, nul oubli, nulle partialité et nulle corruption, car tout lui appartient ; et sache que tout compte. Et que ton penchant ne te fasse pas espérer un refuge outre-tombe, car c’est malgré toi que tu vis, c’est malgré toi que tu meurs et c’est malgré toi que tu passeras en jugement et que tu rendras des comptes devant le Roi des Rois de Rois, le Saint, béni soit-Il.

RAMBAM : [...] Les bonnes actions n’influencent pas Son jugement ; au sens où si un homme a accompli mille bonnes actions et une seule mauvaise, il ne lui passera pas cette faute à cause des mille autres en la déduisant, pour ainsi dire, du compte des biens qu’il a faits, mais l’homme devra rendre des comptes pour celle-ci et il recevra un salaire pour celles-là.
Si tu réfléchis à sa déclaration selon laquelle c’est malgré toi que tu as été fait, etc., tu constateras qu’il ne mentionne que les choses naturelles, dans lesquelles la liberté humaine n’a rien à faire et à propos desquelles les sages ont dit : « Tout est aux mains des cieux ». Mais il n’a pas dit que c’est malgré toi que tu fautes ou que tu te dévoies, ou que tu te tiens debout ou que tu marches, ni rien de ce qui relève de ce domaine, car toutes ces choses sont aux mains de l’homme et ne comportent nulle nécessité.

RABBÉNOU YONA : Sache que tout est pris en compte, qu’il s’agisse du bien ou du mal. Et que ton penchant ne te fasse pas espérer qu’il existe un refuge outre-tombe semblable à ce qui te paraît être un refuge en ce monde, ou comme disent les hérétiques qu’il n’y a ni jugement ni juge après la mort.


[1À l’inverse de quelqu’un qui possède une maison ; puisque celle-ci n’est pas un attribut du sujet lui-même mais qu’il y réside simplement, elle ne servira jamais à le qualifier

[2Manuscrit sur parchemin ou sur papier dont on a fait disparaître l’écriture pour y écrire de nouveau.


[ Télécharger l'article au format PDF]

Navigation

Annonces

Convalescence : les poézies de l’année 2023

Mardi 15 janvier 2024

Quand bien même notre corps aurait besoin d’une petite pause pour quelques réparations sommaires, rien n’empêche notre esprit de continuer à vagabonder : dans le ciel et sur la terre ; dans les montagnes et sur la mer…

Convalescence