Les techniques

La méditation juive
dimanche 3 août 2025
par  Paul Jeanzé

À ce stade, il serait utile de discuter et de classer les différentes techniques de méditation, tant juives que non juives. Les techniques de presque tous les systèmes de méditation peuvent être classées de manière similaire, ce qui n’implique aucune relation particulière entre la méditation juive et non juive. Au contraire, puisqu’il existe un concept général de méditation, toutes les formes ont des caractéristiques communes, qui peuvent à leur tour être utilisées pour classer les différentes techniques.

La situation est analogue à celle de la prière, qui occupe une place importante dans toutes les traditions religieuses. Certains éléments sont caractéristiques de toutes les prières. Cela ne signifie pas pour autant qu’un système de prière dérive d’un autre, ni même qu’il existe une relation entre les systèmes. Les similitudes proviennent plutôt du fait qu’il existe un nombre limité de façons fondamentales d’entrer en relation avec le Divin, et celles-ci se retrouvent dans toutes les prières, où qu’elles soient.

Ainsi, presque toutes les prières peuvent être classées dans l’une des trois catégories suivantes : louange, demande et action de grâce. Nous pouvons louer Hachem et parler de sa grandeur. Nous pouvons adresser des demandes à Hachem et lui demander de nous fournir ce dont nous avons besoin et ce que nous désirons. Enfin, nous pouvons remercier Hachem pour ce qu’il nous a donné. Dans la prière juive, ces trois divisions sont formalisées et suivent un ordre précis. Néanmoins, si nous examinions les prières de toutes les religions du monde, nous constaterions qu’à quelques exceptions près, elles entreraient toutes dans l’une de ces trois catégories.

Il en va de même pour la méditation. Il existe un nombre limité de façons dont une personne peut interagir avec son propre esprit, et celles-ci constituent les catégories de toutes les méditations. Ainsi, lorsque l’on comprend la méditation en général, on peut alors comprendre la méditation juive en particulier. Étant donné que la méditation implique des expériences subtiles qui peuvent être inconnues de nombreux lecteurs, je commencerai par un exemple banal.

J’ai défini la méditation comme une manière contrôlée de penser. Au niveau le plus simple, vous pouvez décider de vous asseoir pendant une demi-heure et de réfléchir à un sujet particulier. Supposons que vous décidiez de passer la demi-heure suivante à réfléchir à la réorganisation de votre mobilier. Dans votre esprit, vous pouvez imaginer différents agencements et même planifier le déplacement des meubles les plus lourds. Pendant cette demi-heure, vous aurez médité sur la disposition de votre mobilier. C’est aussi simple que cela. La méditation n’a rien d’ésotérique ou de mystérieux. Elle ne nécessite aucun environnement particulier ni aucune position spécifique. Vous pourriez avoir médité en vous promenant dans votre quartier, en vous relaxant dans votre fauteuil ou en vous détendant dans votre baignoire. Le simple fait d’avoir pensé à un sujet précis pendant un certain temps plutôt que de laisser votre esprit vagabonder au hasard en fait une expérience méditative.

Bien sûr, ce n’est pas toujours aussi simple. Que faire lorsque d’autres pensées commencent à envahir votre esprit ? Rappelez-vous que vous avez décidé de vous concentrer uniquement sur la disposition des meubles. Si cette méditation doit réellement être une expérience de contrôle de la pensée, vous aurez besoin d’une technique pour vous débarrasser des pensées indésirables. Vous pouvez essayer de repousser doucement les pensées parasites ou ramener votre esprit vers le sujet souhaité. Quelle que soit la méthode que vous utilisez pour rester concentré sur le sujet, vous développerez ainsi les bases d’une technique de méditation à part entière.

Méditer sur le réaménagement de votre mobilier peut sembler insignifiant. Cependant, imaginez que vous décidiez de consacrer une demi-heure à méditer sur la manière de réorganiser votre vie. Vous pourriez vous surprendre à réfléchir à des questions fondamentales telles que celles‑ci :

Que veux-je vraiment dans la vie ?
Qu’est- ce qui donne un sens à ma vie ?
Quel est le sens de la vie en général ?
Si je devais revivre ma vie, que ferais-je ?
Pour quels idéaux, le cas échéant, serais-je prêt à mourir ?
Qu’est-ce qui pourrait me rendre plus heureux que tout au monde ?

Vous avez probablement déjà réfléchi à ces questions à un moment donné de votre vie. Cependant, il y a de fortes chances que vous n’y ayez pensé que brièvement. À moins d’avoir suivi une formation qui encourage cette réflexion, vous n’avez probablement jamais passé une demi‑heure, sans interruption, à réfléchir à l’une de ces questions. Si vous ne l’avez jamais fait auparavant, la première fois peut être très surprenante. Vous découvrirez peut-être que vous n’avez aucune idée de ce que vous considérez comme votre raison d’être. Vous n’avez peut-être même jamais réfléchi au sens de la vie.

En effet, après avoir réfléchi pendant une demi-heure à l’une des questions ci-dessus, vous pourriez décider que la question nécessite plus d’une séance de méditation. Vous pourriez décider de faire une séance d’une demi-heure une fois par semaine. Pour vous assurer de persévérer, vous pourriez décider de consacrer une demi-heure chaque semaine à méditer sur le sens de la vie ainsi que sur vos objectifs personnels. Vous serez alors sur la bonne voie pour développer une discipline de méditation.

Après plusieurs semaines de méditation, vous commencerez probablement à remarquer des progrès dans plusieurs domaines. Vous pourriez décider de réévaluer l’orientation de votre vie et d’apporter des changements importants à votre mode de vie. Vous vous sentirez peut-être plus sûr de vous dans vos relations avec les autres, plus confiant quant à la façon dont vous passez votre temps. Vous constaterez peut-être également que vous acquérez constamment une nouvelle compréhension de votre personnalité et de vos motivations.

À la fin de cette étape, vous pourriez estimer qu’une fois par semaine n’est pas suffisant. Vous pourriez décider d’augmenter la fréquence de votre méditation à deux ou trois fois par semaine, voire une fois par jour. Vous découvrirez alors pourquoi de nombreuses écoles de méditation suggèrent ou exigent que la méditation soit une pratique quotidienne.

Au fur et à mesure que vous explorez ce qui est le plus important pour vous, vous pourriez atteindre un point où vous aurez l’impression d’avoir franchi un nouveau seuil. Vous pourriez vous surprendre à réfléchir non seulement au sens de votre propre vie, mais aussi au sens de l’existence en général.

À ce stade, vous aurez découvert le Divin.

Avant d’approfondir cette question, il est important de définir le Divin. Nous pensons souvent que le Divin est « là-bas », loin du monde. Cependant, il est important de réaliser que le Divin est également « ici », au plus profond de notre âme.

Voici deux façons dont une personne peut découvrir le Divin.

Tout d’abord, une personne peut réfléchir à des questions telles que : Qu’y a-t-il au-delà de l’espace et du temps ? Comment le monde est-il apparu ? Pourquoi le monde existe-t-il ? Qu’y avait‑il avant le temps ? En réfléchissant à ces questions, une personne peut trouver le Divin, mais elle ne le trouvera que dans le sens où le Divin est « là-bas ».

La deuxième manière de trouver le Divin consiste à plonger de plus en plus profondément en soi-même, comme nous l’avons vu précédemment. Ici aussi, on trouve le Divin, mais on Le trouve dans le sens où Il est « à l’intérieur ».

Cette double manière de découvrir le Divin est liée au concept kabbalistique selon lequel le Divin englobe et remplit toute la création. Lorsque nous affirmons que Hachem est au-dessus de toutes choses et au-delà de toutes choses, nous parlons de Lui dans le sens où Il englobe et définit toute la création. C’est le concept du Divin comme étant « là-bas ». Cependant, dans un autre sens, Hachem est très proche de nous, plus proche que l’air que nous respirons, plus proche que notre âme même, et en ce sens, Il remplit toute la création et est « là-dedans ».

Une fois qu’une personne découvre Hachem de cette manière, elle peut souhaiter transformer sa méditation en une conversation avec Hachem. Si l’on découvre Hachem comme la profondeur ultime de son être, alors la manière d’entrer en relation avec cette profondeur serait d’entrer en relation avec Hachem. À ce stade, la méditation sur le sens de l’existence peut devenir une conversation silencieuse avec Hachem.

Il est important de noter que, selon le Midrash, c’est exactement ainsi qu’a commencé la carrière d’Abraham. Abraham a d’abord commencé à réfléchir au sens de la vie et de l’existence, et c’est ainsi qu’il a découvert Hachem. Abraham a alors commencé à dialoguer avec Hachem. L’expérience d’Abraham peut être considérée comme un paradigme de la manière d’entamer une relation avec le Divin.

Une fois encore, le problème des pensées parasites peut se poser. Une façon d’atténuer ce problème consiste à parler à Hachem à voix haute plutôt que dans son esprit. On s’adresse alors à Hachem oralement. L’utilisation de la conversation orale comme technique de méditation est une pratique juive ancienne, documentée dans plusieurs textes importants. En particulier, c’était une technique mise en avant par Rabbi Nachman de Bratslav, comme nous le verrons au chapitre 10.

Trois points importants peuvent être soulignés concernant le type de méditation décrit ci‑dessus :
1. Il s’agit d’une méditation verbale : elle fait appel à des mots, pensés ou prononcés, plutôt qu’à des images.
2. Elle est dirigée vers l’intérieur : toute la forme de la méditation vient de l’intérieur de la personne plutôt que d’être déterminée par un stimulus extérieur.
3. Elle n’est pas structurée : lorsque la personne s’assoit pour méditer, elle n’a aucune idée préconçue de la direction que prendra la méditation.

Certaines personnes trouvent qu’une méditation non structurée est trop libre. Afin de structurer votre méditation, vous pouvez rédiger un programme. Vous pouvez décider que chaque jour, pendant une période donnée, par exemple une semaine, vous méditerez sur un sujet, puis vous passerez à un deuxième sujet la semaine suivante. Ainsi, si vous méditez sur la manière de réorganiser votre vie, vous pouvez décider de passer une semaine à méditer sur votre relation avec votre conjoint, une deuxième semaine à méditer sur votre relation avec vos enfants, puis deux semaines à méditer sur votre carrière.

Dès que l’on établit un programme de méditation, celle-ci devient structurée. Bien sûr, une méditation peut être peu structurée ou très structurée, là encore en fonction de ce que l’on souhaite accomplir. Méditer avec un programme est une pratique privilégiée par les écoles Musar dans le judaïsme. Cette forme de méditation est particulièrement efficace lorsque l’on souhaite perfectionner ses habitudes ou son mode de vie en général.

Une autre manière de structurer votre méditation consiste à utiliser un verset biblique comme objet de méditation. Vous pouvez choisir des versets au hasard dans la Torah ou rechercher des versets qui se rapportent au sujet qui vous intéresse. Il est possible d’axer toute une séance de méditation, pendant une journée, une semaine ou un mois, sur ce verset. Votre objectif resterait le même, à savoir réorganiser votre vie, mais vous essayeriez de le faire dans le contexte de ce verset biblique. Le verset pourrait également servir de base à une conversation avec Hachem.

La méthode consistant à baser une méditation sur un verset, connue sous le nom de gerushin, était utilisée par les mystiques de Safed au XVIe siècle. Bien que cette méthode ait été largement utilisée, les textes fournissent peu de détails. Il semble qu’il existe plusieurs façons de la pratiquer.

La manière la plus simple d’utiliser un verset biblique comme méditation serait de le lire avant de méditer, peut-être en le mémorisant, puis de l’utiliser comme point de départ pour une méditation non structurée. Le méditant commence par méditer sur le verset, puis dirige son esprit vers le sujet sur lequel il souhaite méditer. Le cours de la méditation peut éloigner le méditant du verset original ; le verset sert alors simplement de point de départ à la méditation, et non son sujet principal. Cette méthode de méditation est également abordée dans la littérature juive.

Vous pouvez également écrire le verset sur une feuille de papier. Au cours de la méditation, vous pouvez le relire, en ramenant votre esprit vers le verset de temps à autre. Cette méthode est particulièrement efficace si vous souhaitez appliquer le verset à un problème particulier de votre vie ; de cette manière, le verset devient partie intégrante de la méditation.

Finalement, vous souhaiterez peut-être faire de ce verset le sujet principal de votre méditation. En quelque sorte, votre méditation deviendrait une conversation avec le verset biblique. Vous réfléchirez au verset, l’examinerez sous différents angles, chercherez différentes interprétations possibles et tenterez de l’appliquer à vos problèmes personnels. Si le verset contient une leçon spécifique, vous pouvez utiliser une série de séances de méditation pour l’intégrer à votre personnalité. Bien que nous ayons utilisé un verset biblique comme exemple, n’importe quelle citation ou enseignement peut servir de base à une telle méditation. Pour simplifier notre discussion, nous continuerons toutefois à parler d’un verset biblique.

Le verset peut être utilisé visuellement ou verbalement.

Si le verset est utilisé visuellement comme base de méditation, écrivez-le sur une feuille de papier et utilisez-le comme point de concentration. Fixez votre regard sur le verset ; ne le quittez pas des yeux. Le verset doit devenir le centre de votre attention, à l’exclusion de tout le reste. Il doit être comme si rien d’autre n’existait au monde à part lui. Vous pouvez ensuite contempler le verset et laisser vos pensées circuler librement. À un niveau plus avancé, vous pouvez utiliser cette méthode pour vider votre esprit de toute pensée autre que le verset.

Cette méthode est connue sous le nom de contemplation visuelle. L’utilisation d’un verset n’est qu’un moyen parmi d’autres d’accomplir cette méditation. L’objet de votre contemplation peut également être la flamme d’une bougie, une fleur, une image, un caillou ou tout autre objet.

Comme cette pratique consiste à utiliser quelque chose d’extérieur à l’esprit comme objet de méditation, elle est connue sous le nom de méditation dirigée vers l’extérieur. Cette méditation peut être structurée ou non.
La manière la plus simple de pratiquer la méditation serait de fixer l’objet du regard et de laisser vos pensées vagabonder librement. Il s’agirait alors d’une méditation non structurée. Cependant, si vous utilisiez cette méthode pour remplir complètement votre esprit, en bannissant toute autre pensée, cela imposerait en soi une structure à la méditation, qui deviendrait alors structurée.

Lorsque l’on contemple un objet, on le regarde en prêtant une attention particulière à chaque détail. À mesure que l’on continue à le regarder, même les détails les plus infimes prennent de l’importance. On peut alors regarder de plus en plus profondément dans l’objet, en essayant d’en percevoir l’essence intérieure et en effaçant toute autre pensée de son esprit. Au-delà de l’essence intérieure, on peut s’efforcer de voir le Divin dans l’objet et l’utiliser comme un tremplin pour atteindre Hachem.

Au lieu de fixer le verset écrit, vous pourriez le répéter plusieurs fois pendant toute la durée de la méditation. Il s’agirait alors d’une méditation verbale, par opposition à une contemplation visuelle. Là encore, la méditation pourrait être non structurée, laissant l’esprit vagabonder là où le verset l’emmène. Alternativement, elle pourrait être structurée, en éliminant de l’esprit toute pensée autre que les mots du verset.

Bien entendu, ici encore, le sujet de la méditation ne doit pas nécessairement être un verset biblique. N’importe quelle phrase, mot ou expression peut convenir. Comme nous le verrons, le grand chef hassidique Rabbi Nachman de Bratslav recommandait d’utiliser l’expression « Seigneur de l’Univers » comme outil de méditation.

Dans les traditions orientales, la phrase répétée est appelée « mantra », et la méditation utilisant une telle phrase est appelée « méditation mantra ». L’un des exemples les plus connus d’un système basé sur la méditation mantra est la méditation transcendantale. Comme il n’existe pas de terme anglais équivalent pour ce type de méditation, j’utiliserai le terme « mantra » lorsque cela sera nécessaire.

Il existe donc trois façons de classer les méditations mentionnées ci-dessus. Elles peuvent être visuelles ou verbales, structurées ou non structurées, dirigées vers l’intérieur ou vers l’extérieur.

La méditation introspective et non structurée est particulièrement utile pour examiner sa vie ou trouver un sens à celle-ci. La méditation extra-introspective et structurée est le plus souvent utilisée pour concentrer l’esprit et les processus de pensée ou pour vivre une expérience transcendantale.

Bien que la plupart des méthodes de méditation soient visuelles ou verbales, d’autres facultés peuvent également être au centre de la méditation. Ainsi, au lieu de méditer sur un objet ou un verset, on peut méditer sur un son, tel que le chant d’un criquet, le bruit d’une cascade ou une note de musique répétée à plusieurs reprises. On utilise alors l’ouïe pour diriger la méditation, bien que dans ces cas-là, la méditation soit non verbale.

De la même manière, la méditation peut faire appel à l’odorat. Il existe en effet des bénédictions hébraïques prononcées sur des parfums, qui, dans la pratique, peuvent transformer la dégustation d’un parfum en une expérience méditative. Les bénédictions sur les aliments peuvent transformer la dégustation et le fait de manger en une expérience méditative. Le toucher peut également être au centre d’une expérience méditative.

Il est également possible d’utiliser le sens kinesthésique [1] comme objet de méditation. Cela consisterait à méditer sur un mouvement corporel ou une série de mouvements corporels. C’est une méthode utilisée par les soufis quand ils pratiquent leurs méditations dansées. Les Hassidim utilisent souvent cette forme de méditation dans leurs danses avec leurs mouvements lents et ondulants. Toute méditation en action peut être considérée comme faisant appel au sens kinesthésique, même si d’autres sens sont impliqués. L’essentiel est de se concentrer sur l’acte et de l’élever au rang d’expression du culte divin. Cela peut inclure même des actes quotidiens tels que la vaisselle.

Dans le judaïsme, la méditation par l’action revêt une importance capitale lorsqu’elle est associée à l’accomplissement des commandements et des rituels. De nombreux Juifs et non-Juifs considèrent les préceptes comme des actions routinières et rituelles. Cependant, de nombreuses sources juives parlent des commandements comme des dispositifs méditatifs, susceptibles de faire parvenir une personne à un niveau élevé de conscience divine. Vus sous cet angle, les commandements prennent une grande signification spirituelle.

Un dernier objet de méditation peut être ses propres émotions. Ainsi, par exemple, on peut se concentrer sur l’émotion de l’amour exactement de la même manière que l’on peut se concentrer sur une fleur ou la flamme d’une bougie. On peut méditer sur l’amour que l’on ressent pour une autre personne et intensifier cette émotion, en la vivant pleinement, sans aucune interférence extérieure. On peut également prendre cet amour intensifié et le diriger vers Hachem ou vers son prochain. En effet, les commandements « Tu aimeras le Seigneur ton Roi de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » (Devarim VI, 5) et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Vayikra XIX, 18) imposent en réalité une telle méditation. Lorsque l’on dirige son esprit vers l’amour d’Hachem et de son prochain, on donne à sa vie une orientation entièrement nouvelle.

Le contrôle des émotions est un élément essentiel de la maîtrise de soi en général. Souvent, le concept de maîtrise de soi évoque l’image d’un mode de vie dépourvu d’émotions, austère et rigide. Cependant, lorsqu’une personne maîtrise parfaitement ses émotions, elle est capable de susciter n’importe quelle émotion et libre de l’intensifier à sa guise. Plutôt que d’être contrôlée par des émotions telles que l’amour, le désir ou l’admiration, elle est en mesure de les contrôler. On peut évoquer ces émotions et les mélanger, peignant chaque aspect de la vie avec une riche palette de sentiments. Le contrôle des émotions peut ainsi amener une personne à vivre un mélange de sentiments dans sa vie quotidienne plus riche que ce que vit généralement une personne moyenne.

Les types de méditation les plus avancés ne font appel à aucun dispositif, mais impliquent un contrôle direct des pensées. Ils sont généralement considérés comme les formes les plus avancées de méditation.
Une de ces techniques consiste en l’exercice mentionné au chapitre 1, dans lequel il vous était demandé d’essayer d’arrêter de penser pendant un certain temps. Pour la plupart des gens, cela est impossible, ce qui démontre parfaitement que l’esprit n’est pas entièrement sous le contrôle de la volonté. Après quelques secondes passées à essayer de ne pas penser, des pensées commencent à envahir l’esprit et, après un court laps de temps, elles reviennent souvent en torrent.

Comme beaucoup d’autres disciplines, celle-ci peut également être développée. Si une personne s’entraîne à interrompre le flux de ses pensées, elle peut apprendre à le faire pendant des périodes de plus en plus longues ; finalement, elle peut apprendre à activer et désactiver ses processus de pensée à volonté. Cela peut sembler facile, mais dans la pratique, il faut des années d’entraînement intensif pour perfectionner cette capacité.
Étant donné que ce type de méditation n’utilise aucun objet de concentration, on l’appelle souvent « méditation non dirigée ». Dans ses formes les plus avancées, elle peut en fait se concentrer sur le « non-pensée » ou sur le néant. Cette forme de méditation peut être dangereuse et ne doit pas être pratiquée sans l’aide d’un guide ou d’un maître expérimenté.

Cependant, la plupart des méthodes que j’aborderai dans cet ouvrage sont relativement simples et sans danger si elles sont pratiquées correctement. Elles sont faciles à apprendre et peuvent permettre au méditant d’accéder à une conscience accrue et à des états de conscience supérieurs.


[1De kinesthésie : sensation interne qu’on a du mouvement de son propre corps et de chacune de ses parties.


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Vendredi 04 juillet 2025

Même si je vous donne peu de mes nouvelles, j’avance toujours tranquillement sur mon petit roman, intitulé Une journée ordinaire. Je dis « petit » dans le sens où il est peu bavard en terme de mots : 25 000 mots environ. Il est « terminé »... enfin, toute la matière est là. Je suis dans la phase où je relis et reprend chaque chapitre plusieurs fois jusqu’à en être (à peu près) satisfait. Peut-être cette phase se terminera-t-elle vers la fin de l’été, peut-être... car je reprends parfois tout du début, quand j’estime « perdre un peu le fil » De plus, le dernier chapitre est à revoir, la fin notamment... Je passe souvent énormément de temps à tenter de trouver une fin « pas trop banale ». Bref, beaucoup de cuisine interne !

Bien à vous et en vous souhaitant un bel été (au frais en ce qui me concerne),
Paul Jeanzé