Septième chapitre : l’histoire timbre-poste
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Il faut absolument que je me dépêche, car je suis garé en double file. Il n’y a jamais de place dans cette satanée rue ! Il y a bien des places réservées aux livraisons, mais bien avant que nous puissions y prétendre, il y a d’abord cette lutte entre les poubelles et les résidents sans garage. Bien pour cette raison que je déteste livrer des colis dans le centre-ville. Ce n’est pas que je doive aller le plus vite possible, même si mon employeur fait certes attention à mon efficacité, mais c’est surtout qu’immanquablement des voitures vont se retrouver bloquées derrière moi. Et comme les gens ne sont généralement pas très patients et que moi, je suis plutôt du genre à ne pas aimer déranger, hé bien, cela ne me plaît pas trop. Ah, cela doit être là. Un interphone. J’espère qu’il fonctionne. Et zut, il y a déjà une voiture qui remonte la rue. Elle klaxonne déjà ! Tu vas ouvrir oui ! Il doit être cassé cet interphone, c’est pas possible ! Ou alors il n’y a personne. Ça y est, le conducteur bloqué commence à râler. Je vais lui dire : « je bosse » ; et il va me répondre : « moi aussi ! » Je connais le film par cœur. Aux grands maux, les grands remèdes : je donne des coups dans les barreaux qui protègent l’entrée vitrée avec ma machine à codes barres, elle a l’habitude la pauvre. C’est marrant, j’ai pourtant cru voir passer une ombre derrière la porte. Et l’autre qui continue de s’énerver. Bon, je vais laisser un avis de passage, il n’y a visiblement personne, toute la rue commence à gueuler et le camion-poubelle vient d’arriver en sens inverse. Un vrai merdier ! Alors, Monsieur Z, 77 rue de… Mais merde, je me suis trompé d’adresse. Quel con ! C’est le 75 ici, pas le 77. Allez dépêche-toi, avant que tout le monde ne vienne te lyncher…