Écriture et solitude
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Puis, au milieu des voyageurs de la Transolitude, je m’apercevais que seule l’écriture me permettait de vaincre l’isolement extérieur, cette sensation de n’avoir d’autre choix que de subir toujours la même conversation de sortie de travail, la même conversation de rentrée scolaire, ces incessantes sonneries de téléphones vendus sans vibreur et que l’on aimerait tant passer sous silence. Mieux que la lecture, mieux que l’écoute de n’importe quel morceau sublime de Bach parce que tous les morceaux de Bach sont sublimes, n’en déplaise à Solal, l’écriture me prenait alors par la main et m’extirpait comme par enchantement de mon simple aller-retour en train-train quotidien. J’avoue, je tendais parfois l’oreille, prêt à saisir un bon mot dans les flots de ces paroles si vite oubliées. J’avoue, je m’interrogeais aussi parfois sur ce que pouvait bien cacher tel regard vide ou rieur, tel sourire, telle expression du visage.