Étranger (L’)

(1942)
dimanche 23 mai 2021
par  Paul Jeanzé

[…]
Puis le président a demandé à l’avocat général s’il n’avait pas de question à poser au témoin et le procureur s’est écrié : « Oh non, cela suffit », avec un tel éclat et un tel regard triomphant dans ma direction que, pour la première fois depuis des années, j’ai eu une envie stupide de pleurer parce que j’ai senti combien j’étais détesté par ces gens.

Après avoir demandé au jury et à mon avocat s’ils avaient des questions à poser, le président a entendu le concierge. Pour lui comme pour tous les autres, le même cérémonial s’est répété. en arrivant, le concierge m’a regardé et il a détourné les yeux. Il a répondu aux questions qu’on lui posait. Il a dit que je n’avais pas voulu voir maman, que j’avais fumé, que j’avais dormi et que j’avais pris du café au lait. J’ai senti alors quelque chose qui soulevait toute la salle et, pour la première fois, j’ai compris que j’étais coupable.

J’avoue ne plus me souvenir à quel âge j’ai découvert L’étranger d’Albert Camus. En revanche, je me souviens de ces élèves de terminale littéraire qui, au milieu de la fumée de cigarettes qui inondait le foyer du lycée, lançaient aux incultes dont je faisais partie que la chanson de The Cure qui sortait du transistor s’intitulait « Killing an Arab » et était une référence au livre d’Albert Camus. Si, au cours de mes années de lycée, je comblais en partie mon retard en terme de culture musicale, il m’aura fallut un peu plus de temps je crois, pour m’intéresser sérieusement à la littérature.

The Cure – Killig an arab – La première version date de décembre 1978

The Cure - Killing an arab

Standing on a beach
With a gun in my hand
Staring at the sea
Staring at the sand
Staring down the barrel
At the arab on the ground
See his open mouth
But hear no sound

I’m alive
I’m dead
I’m the stranger
Killing an arab

I can turn and walk away
Or I can fire the gun
Staring at the sky
Staring at the sun
Whichever I choose
It amounts to the same

Absolutely nothing

I’m alive
I’m dead
I’m the stranger
Killing an arab

Feel the steel butt jump
Smooth in my hand
Staring at the sea
Staring at the sand
Staring at myself
Reflected in the eyes of
The dead man on the beach

The dead man
On the beach

I’m alive
I’m dead
I’m the stranger
Killing an arab


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Message estival

Vendredi 04 juillet 2025

Même si je vous donne peu de mes nouvelles, j’avance toujours tranquillement sur mon petit roman, intitulé Une journée ordinaire. Je dis « petit » dans le sens où il est peu bavard en terme de mots : 25 000 mots environ. Il est « terminé » dans le sens où toute la matière est là. Je suis dans la phase où je relis et reprend chaque chapitre plusieurs fois jusqu’à en être (à peu près) satisfait. Peut-être cette phase se terminera-t-elle vers la fin de l’été, peut-être... car je reprends parfois tout du début, quand j’estime « perdre un peu le fil » De plus, le dernier chapitre est à revoir, la fin notamment... Je passe souvent énormément de temps à trouver une fin « pas trop banale ». Bref, beaucoup de cuisine interne !

Bien à vous et en vous souhaitant un bel été (au frais en ce qui me concerne, et dans la mesure du possible),
Paul Jeanzé