Hémon (Louis)

Louis hémon, avant tout connu pour être l’auteur posthume d’un des premiers "best seller" de l’ère moderne avec Maria Chapdelaine, écrivit également de fort belles nouvelles. Dans l’une d’entre elles, intitulée « Jérôme », nous faisons la connaissance d’un jeune fonctionnaire qui, devant ses supérieurs médusés, démissionne de la plus théâtrale et courageuse des manières :


Il leur dit qu’il s’en allait, chassé par la peur qu’il avait conçue de devenir quelque jour semblable à l’un d’eux. Il leur dit qu’ils étaient difformes et ridicules, certains squelettiques, certains obèses, tous pleins de leur propre importance et de la majesté des principes médiocres qu’ils servaient ; que leur progéniture hériterait de leurs tares physiques et de leur intellect rétréci, et qu’ils s’en iraient à la mort sans avoir connu de la vie autre chose qu’une forme hideusement défigurée par les préjugés séculaires et de mesquines ambitions…

On ne sera alors pas surpris de découvrir que Louis Hémon est né à Brest en octobre 1880, "dans une famille de l’élite républicaine" ; qu’à vingt-trois ans, il choisit de partir pour Londres où il sera chroniqueur sportif avant d’embrasser une bien fragile carrière littéraire que le mènera jusqu’au Canada.

Il meurt, happé par un train, alors qu’il marche avec un camarade sur un chemin de fer dans le nord de l’Ontario. Louis Hémon n’avait pas encore 33 ans.


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mercredi 14 décembre 2022
par  Paul Jeanzé

Le coureur de marathon

LE COUREUR DE MARATHON Autour de Regent’s Park, sur le trottoir de terre battue qui longe la grille, le coureur de Marathon s’entraîne. La soirée est chaude ; mais elle semble bonne et reposante après l’accablement du jour ; les arbres du parc étalent leurs feuilles à la brise et bruissent (…)

mercredi 16 décembre 2020
par  Paul Jeanzé

Dernier soir (Le) - Recueil de nouvelles

La rivière
Chaque soir, quand le travail du jour est fait, le même train de banlieue me ramène lentement chez moi, et je retrouve ma rivière.
Elle coule tranquille, froide et profonde, entre deux berges plates semées d’ormeaux. J’ignore d’où elle vient et je m’en moque ; je sais qu’un peu (…)

mercredi 16 décembre 2020
par  Paul Jeanzé

Jérôme (texte intégral)

C’était un grand chien de berger – race de Brie – dont le poil rude et souillé de boue, s’étageait en touffes emmêlées. Son collier ne comportait qu’une étroite courroie, pelée et racornie par la pluie, et une plaque de zinc sur laquelle un graveur malhabile avait tracé, à la pointe du couteau, (…)

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Des "mauvaises nouvelles" qui donnent de la voix

Mardi 07 mai 2024

En ce début de semaine, Monsieur Éric Lebret mettait sa voix au service d’une de mes nouvelles, intitulée Un bon coup de balai. Ce "comédien-voix" avait déjà mis son talent au service de deux autres "mauvaises nouvelles" :

Au bout du chemin
Très chère amie

Cher Monsieur Lebret, si vous deviez passer par ici, sachez combien votre initiative m’a touché et m’encourage à reprendre le chemin de l’écriture, chemin le long duquel il m’aura été nécessaire de quelque peu "marquer le pas" ces trois dernières années, même si mes chères poézies auront continué à m’accompagner pendant cette période.

À bientôt
Paul Jeanzé