Maret (Julien)

Ameublement (2014)
lundi 7 juin 2021
par  Paul Jeanzé
popularité : 24%

la nausée au départ au retour des vacances le mal au cœur ; le coude à la portière à fumer vaille que vaille en racontant des blagues ; avec les cendres partout dedans dehors sans atteindre le cendrier ;

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avec la mère Soret l’autre côté de la grille ; accroupie près d’une tombe l’arrosoir à la main ; pour donner à boire aux fleurs de grand-père ;

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pour l’immeuble au ruban blanc ; en face de chez madame Irma la femme du vieux Conrad ;

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un thermomètre au-dessus du garage les chiffres en rouge ;

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avec les paravalanches comme de vieilles cicatrices contre la paroi rocheuse ; comme les bagues dans les dents avec les petits élastiques ; pour ne pas que tout aille de travers ;

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et puis le sapin odorant suspendu au rétroviseur ;

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il y avait la menuiserie aux grandes portes ; parfois laissées ouvertes ; avec le vacarme des scies circulaires ;

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et c’était comme si c’était la vallée dans les caisses à pommes ; les montagnes les glaciers ; le Rhône dans les caisses à pommes ;

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c’était le soir dans les cultures ; avec les ouvriers à bicyclette ; le ras-le-bol sur le porte-bagages avec le thermos et le sécateur ;

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c’était la journée qui commençait ; les belles journées de mai et de juin ; quand il fait bon dès le réveil ; quand on sent l’été approcher ; les géraniums aux fenêtres les fleurs dans les pots ;

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quand tout va à la nuit ; ailleurs autrefois ; quand on referme les contes du grand livre vert ; en cherchant le cordon de la lampe de chevet ;

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c’était un soir au village ; au Café des Alpes ; en face de la maison de commune ; les géraniums aux fenêtres ; les trois porte-drapeaux vides en acier ; vers les escaliers pour monter à l’école ; avec sur le pallier les bacs ronds en béton des cylindres ; pour les arbustes les plantes ; pour donner de la vie faire joli là depuis toujours ; avec au sommet deux bestioles sculptées enlacées ; des loutres en béton ; grises des fouines des furets ; au café de l’Avenir un soir de la semaine ; monsieur Soret debout au bar ; en compagnie de monsieur Pringe devant trois de blanc ; à faire des théories ; avec Augustin de la gravière un peu plus loin ; le rosé à la main assis sur le tabouret ; sans faire de bruit ; une cigarette allumée ; à parler de choses et d’autres ; avec l’arrivée de monsieur Marmelin ; le caniche en laisse la raie au milieu ; un rouge au bar ; le coup de torchon de la sommelière ; à faire santé et puis des théories ; et puis trois blanc un rosé pour Augustin ; une cigarette écrasée ; une cigarette allumée ; avec l’arrivée de Bernard à vélomoteur ; une mini au bar ; une gauloise jaune sans filtre ; et puis comme ça parce que ça trottait dans la tête ; l’éternuement de monsieur Pringe ; l’histoire de la camionnette ; un rouge à la sommelière ; avec l’arrivée de monsieur Drandon ; blouson noir baskets blanches ; le bonjour à la compagnie ; une bière au bar à écouter ; durant une livraison le marchepied ; une cigarette écrasée ; cul par-dessus tête ; avec Bernard à vélomoteur qui s’en va ; trois de blanc à la sommelière ; à vider le cendrier ; et puis santé ; le marchepied cassé ; le pied de monsieur Pringe sur la barre du bas à écouter ; avec Augustin de la gravière qui s’en va ; à croiser trois jeunes à la porte ; du rouge à la table ; et puis l’épaule démise de l’ouvrier Randet ; une cigarette allumée ; avec l’arrivée de monsieur Tindet ; un pastis au bar ; à cracher le cure-dent à faire santé ; et puis une bière à la sommelière ; faire un nouveau marchepied ; un pastis pour monsieur Tindet ; avec l’arrivée du patron monsieur Capamarcaz ; à serrer les mains une tournée au bar ; à faire santé et puis des discussions des théories ; avec monsieur Pringe à monsieur Soret ; une cigarette écrasée ; en bas à l’atelier à la gouille de Verdan ; à faire santé ; monsieur Drandon qui descend aux toilettes ; fabriqué en moins de deux ; avec monsieur Soret soulagé ; une cigarette allumée ; de nouveau trois de blanc à la sommelière ; à vider le cendrier ; et puis un rouge pour Marmelin ; des théories des théories ; et puis monsieur Pringe à inviter monsieur Soret ; pour une dernière à côté ; au café du commerce ; le pied le vé de la barre ; ça ne se refuse pas ; avec monsieur Marmelin à suivre ; le caniche en laisse la raie au milieu ; avec l’arrivée de Jordinot ; une bière au bar à côté de monsieur Drandon ; et puis une autre ; à faire santé ; des cigarettes allumées des cigarettes écrasées ; et puis des théories des théories ; un dernier pastis pour monsieur Tindet ;


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Des "mauvaises nouvelles" qui donnent de la voix

Mardi 07 mai 2024

En ce début de semaine, Monsieur Éric Lebret mettait sa voix au service d’une de mes nouvelles, intitulée Un bon coup de balai. Ce "comédien-voix" avait déjà mis son talent au service de deux autres "mauvaises nouvelles" :

Au bout du chemin
Très chère amie

Cher Monsieur Lebret, si vous deviez passer par ici, sachez combien votre initiative m’a touché et m’encourage à reprendre le chemin de l’écriture, chemin le long duquel il m’aura été nécessaire de quelque peu "marquer le pas" ces trois dernières années, même si mes chères poézies auront continué à m’accompagner pendant cette période.

À bientôt
Paul Jeanzé