Note à l’intention des éditeurs

Je m’appelle Paul Jeanzé et je suis né le 10 novembre 1970 dans un petit village de l’ouest de la France. Au cours du mois de décembre 2015, je terminais mon deuxième livre que j’intitulais « La bête à concours ». Pendant les semaines qui suivirent, je l’envoyais à un grand nombre d’éditeurs, persuadé, non pas d’avoir écrit un chef-d’œuvre, mais au moins un ouvrage digne de figurer en bonne place sur le catalogue de l’un d’entre eux. Arrivé à ce stade de mon travail, je savais pertinemment qu’il suffisait de quelque chose d’infime pour que l’histoire ne soit rien d’autre qu’un éternel recommencement, et ce d’autant que j’avais débuté ce nouveau texte avec mes travers habituels : un style peut-être un peu trop exigeant, une structure parfois complexe, et puis ces poèmes que j’affectionnais et pour lesquels je peinais vraiment à me séparer. En revanche, j’avais réussi à mettre presque entièrement de côté les références religieuses et culturelles les plus explicites, car j’avais bien compris que ces dernières n’étaient pas nécessairement les bienvenues. Néanmoins, il me fallait rester réaliste et accepter qu’en l’état, il me serait impossible de voir mon manuscrit rester sur le dessus de l’énorme pile qui encombrait durablement le bureau du directeur éditorial de toute maison d’édition si je ne recourais pas à l’aide des conseils avisés d’un professionnel. Pourtant, il me fallut encore de nombreux mois avant de me décider, tant je craignais de devoir vendre mon âme au diable. Ce n’est finalement qu’au dernier moment, au moment de boucler la rédaction de « La bête à concours » que je pris contact avec le cabinet conseil « le Lutin », un cabinet spécialisé dans l’aide aux auteurs débutants, et dont la plaquette publicitaire vantait l’originalité des prestations.

« Vous pouvez vous arrêter là, Monsieur Jeanzé, nous allons maintenant prendre le relais ! »