Je n’ai rien inventaire
par
Vous êtes toujours là visiblement. Moi aussi, d’une certaine façon, me direz‑vous. Difficile de continuer l’un sans l’autre n’est-ce pas ? Mais pour l’instant, je ne peux toujours que vous proposer de méprisables et oubliables parodies.
« Je pense que si l’on ne problématise pas suffisamment et que l’on ne cherche pas de facteurs explicatifs, on risque de se retrouver avec un inventaire à la Prévert. »
Franchement, si les gens parfois s’écoutaient… Entre nous, au-delà de cette phrase complètement incompréhensible avec son verbe néologique, que lui reproche-t-on à cet inventaire ?
Une pierre
deux maisons
trois ruines
quatre fossoyeurs
un jardin
des fleurs
un raton laveur
une douzaine d’huîtres un citron un pain
un rayon de soleil
une lame de fond
six musiciens
une porte avec son paillasson
un monsieur décoré de la Légion d’honneur
[…]
Je ne sais pas vous, mais moi, quand je lis cet inventaire, je trouve que c’est un formidable appel à l’imagination, comme si Jacques Prévert nous invitait à nous approprier ses mots et à les mettre en histoire, un peu comme ceci :
C’est parce qu’avec une pierre il voulait réaliser deux maisons qu’il se retrouva enseveli sous trois ruines. Il aura fallu pas moins de quatre fossoyeurs pour l’emmener dans ce cimetière qui ressemblait à un jardin en fleurs.
Mais que vient faire là un raton laveur ?
La mort, ça creuse, alors il engouffra une douzaine d’huîtres avec un citron et un pain. Dans le ciel, un rayon de soleil. Dans la mer, une lame de fond. Sur la plage, six musiciens. Il est temps de rentrer à la maison, d’ouvrir la porte et de laisser le sable sur son paillasson. Au mur, le portrait d’un monsieur décoré de la Légion d’honneur.
Alors la prochaine fois que l’on me dira que mes écrits ne sont rien qu’un inventaire à la Prévert, je crois que je remercierai chaleureusement mon interlocuteur.