Sans cesse ma pensée débordante

Chemine vers toi

Ma chère amie.

Que fais-tu

Par-delà les toits ruisselants ?

Moi qui suis là

Prisonnier de murs infects,

Là, sans orgueil

Vide et maussade

Mille idées traversent

Mon esprit aveugle…

Je te vois au côté d’un étranger

Usant les paroles

Qui me sont chères et si belles…

Je t’imagine

Errant parmi les rues

Coupées de rivières

Volant en son sein

Les lumières des passants…

Tes cheveux d’obscurité

Dégouttent de pluie.

Ton beau visage

Est fouetté

Par les éternelles gouttes

De ces jours printaniers…

Je t’espère seule,

Comme moi,

Rêvant à une vie fugitive

Remplie de rien

Dénudée de tout

Tes yeux regardent

Les murs

Où, peut-être, s’accrochent

Quelques images de l’espoir ;

Tu ne les vois…

Autour de toi

Plus rien n’existe…

Même le bruit de la pluie

Qui frappe à tes carreaux

T’est inaccessible…

Ton cœur n’est plus là

Tes mains s’agitent

Ton âme est partie

Ta tête repose

Lourdement

Sur le cuir irréel ;

Ton cœur ne t’appartient plus

Tu n’es plus

Qu’un cœur et une âme

S’élançant

Parmi les nuages échevelés

Découvrant

La lune mystérieuse

Au sein d’une mer tourmentée…

Mais… Et si tu étais ailleurs ? …

Montargis, le 20 mars 1963