2016 - L’année du Dé

samedi 31 décembre 2016
par  Paul Jeanzé
popularité : 50%

De janvier à mai 2016

Bis repetita placent (mais pas tant que cela)
En cette nouvelle année, j’espère enfin trouver un éditeur. Maintenant, si c’est lui qui me trouve, j’en serai satisfait également. Et si nous arrêtions de jouer à cache-cache cher ami, qu’en pensez-vous ?

*

Noël au balcon, la nouvelle année dans le caniveau
Noël est à peine terminé que déjà les cadavres des sapins s’agglutinent sur les trottoirs.

*

Le parfum des poèmes
La lecture de la poésie a ceci de particulier : si on en lit beaucoup en peu de temps, on a parfois tendance à saturer ; un peu comme lorsque l’on respire plusieurs parfums d’affilée.

*

Personne d’autre que moi
Plus le temps passe, et plus je m’aperçois être le seul à penser ce que je pense, mais également à penser de la façon dont je pense. C’est assez déstabilisant au début ; on se sent également seul parfois. Mais à force de penser ainsi, c’est très rassurant, car cela est signe que peut-être je commence vraimentà être ce que je suis sensé être.

*

Petite phrase
Quand on aime son mari, on n’a pas besoin d’être féministe.

*

Flux et reflux
En ce début d’année, le flot de migrants commence à caler. Ou à Calais, je ne sais plus très bien…

*

Course à pied
Il y a un temps pour faire des bons temps, puis vient ensuite le temps de prendre du bon temps…

*

Du vide en l’homme
On a souvent peur du néant. Du vide…
De ce qui pourrait advenir une fois que nous ne serons plus en vie.
On a tort…
Ce vide, ce néant, comme tout ce qui nous donne le vertige quand on y pense, n’appartient en rien au monde de l’au-delà.
Il est là, en nous, au temps présent…
Peut-être même n’a-t-il jamais été aussi prégnant.
Pourtant, étonnamment, alors que l’homme devrait s’angoisser d’être si mal entouré
Ce dernier semble s’adapter presque trop aisément à ce terrible environnement
Il comble du vide avec du rien
Parle et parle encore et toujours, le plus souvent pour ne rien dire
Il se précipite avec insouciance, avec allégresse même
Vers cette nouvelle humanité.
Quant à celui qui restera de côté
Pour ce nouveau monstre en regard de la nouvelle humanité
Sans doute trouvera-t-il la paix dans sa nouvelle peau
Une fois qu’on l’aura pourchassé et méthodiquement équarri

*

Du temps qui passe, et du temps qu’il fait
Il fallait être vigilant pour profiter de la belle journée d’hier, la pluie retrouvant trop rapidement le chemin de nos gouttières…

*

C’est moi ou le monde devient flou ? [1]
Il ne faut plus dire : un homme et une femme.
Il faut dire : euh…
Il faut dire quoi déjà ?Parce que pour moi, cela me semble quand même un peu compliqué ces nouvelles notions. Je suis resté assez « basic instinct ». Vous voyez le genre je suppose ? Mais si, le genre de sujets dont on discute dans les salons bon chic bon genre.
Il existe ainsi des endroits sur Terre où l’homme et la femme s’ennuient terriblement. Ils s’ennuient tout simplement parce qu’ils ne sont pas en guerre avec les voisins et les voisines de l’endroit d’à côté. Alors du coup, ils font l’amour. Comme si l’on pouvait faire un sentiment. Et à force de faire l’amour, ils en oublient de s’aimer vraiment. Car à trop vouloir en faire…
Bon, je vous laisse, je dois aller casser la gueule à mon voisin. Ou à ma voisine, on verra bien…

*

Pourquoi ?
Pourquoi l’homme se pose-t-il autant de questions ?
Parce qu’il pense avoir réponse à tout…

*

Laisser les regrets derrière soi
Au cours de notre passage sur la Terre, il est sage d’accepter que le temps puisse passer ; cela évite d’avoir des regrets, et surtout de poursuivre des chimères.

*

Liberté Égalité Liquidité
L’homme a soif d’égalité dès lors qu’il regarde au-dessus de lui. Pourquoi oublie-t-il alors de donner à boire à tous ceux qui se trouvent en dessous ?

*

À qui ?
Les avantages acquis par les uns sont des privilèges pour les autres. Et inversement.

*

Au milieu des autres
C’est dans la solitude que l’homme puise les ressources qui lui sont nécessaires pour vivre sereinement au milieu de ses semblables.

*

Écrits superflus
Quand je n’aurai plus rien à écrire, j’essayerai de raconter un peu mon existence. D’ailleurs, je suis presque certain que c’est par là que j’aurais dû commencer. Mais peut-être qu’avant d’aller à l’essentiel, il convient de se débarrasser du superflu.

*

Savoir n’est pas croire
Je suis certain que Hachem [2] existe, même si j’ai parfois du mal à y croire.

*

Un moment d’absence
Pour savoir ce que mon voisin pense vraiment de moi, il aurait fallu que je sois là le jour où il parlait de moi.

*

De juin 2016 à décembre 2016

6 juin 1944 – 6 juin 2016
Tout ça pour ça ?

*

Hausse tendancielle du taux de profit
En pratique, le communisme se résume bien souvent à tirer profit de la collectivité à des fins personnelles…

*

Mythe ou réalité ?
Alors que je marchais tranquillement le long du trottoir, une affiche placardée sur un mur attira mon regard : l’annonce de la tenue dans les prochains jours d’une conférence sur un sujet en isme quelconque. C’est surtout le sous-titre qui retint mon attention : « Mythe ou réalité ? » Bien que la mode fût aux slogans, je m’étonnais de la faiblesse du propos pour une conférence qui visiblement se voulait sérieuse. En effet, comment ne pas avoir en tête qu’un mythe, à partir du moment où il existe, fait nécessairement partie de la réalité. Je me demandais alors si ce simple sous-titre n’était pas un symptôme supplémentaire d’un monde qui n’avait plus qu’une seule idée en tête : supprimer toute trace de surnaturel de la vie sur terre. Paradoxalement, n’y a-t-il rien de plus irrationnel, et au-delà, d’infiniment dangereux, que de vouloir occulter de notre univers une part de celui-ci ?

*

Errare humanum est, perseverare diabolicum
Au temps de la Rome Antique, les gladiateurs s’affrontaient dans l’arène sous les yeux des spectateurs satisfaits. Aujourd’hui, l’homme moderne rejette avec horreur ces jeux si cruels et inhumains ; il préfère rester sagement chez lui, et allumer la télévision en espérant hurler de joie quand son équipe fétiche gagnera le grand tournoi. Une fois le spectacle terminé, quelle sera son attitude quand il verra s’affronter hors de l’arène et dans le sang les partisans des vainqueurs contre les adeptes des vaincus ? Peut-être regrettera-t-il le temps de la Rome Antique, quand la Mort s’invitait au milieu des spectateurs, leur demandant avec force cérémonie un petit coup de pouce sous le regard bienveillant de l’Imperator.

*

Épitaphe
Je vais enfin pouvoir me reposer

*

Silence
Tout a été dit sur le silence ; mais lui, a-t-il eu un jour l’occasion de s’exprimer ?

*

Un mot à la mer !
Lorsque je me sens débordé par le flot de mes pensées, je fais couler l’encre sur le papier.

*

Soliloque en toc
J’aime me moquer des pauvres. D’ailleurs, à chaque fois que j’en croise un, mon visage s’illumine d’un rictus géant…

*

La Nation en question
Quand l’État s’égare, de quels moyens dispose le Peuple pour le remettre dans le droit chemin ?

*

Avec le temps
Autant je trouve vivantes les chansons de beaucoup de chanteurs disparus, autant je trouve que la quasi-totalité des chansons des chanteurs vivants sont déjà mortes ; et je doute de changer d’avis une fois que les vivants d’aujourd’hui auront disparu.

*

Un Monde sans faille
Je crois avoir compris que les éditeurs ne souhaitaient plus vraiment proposer aux lecteurs d’aujourd’hui de la littérature, mais des livres qui n’ont qu’une seule fonction : détendre et brosser dans le sens du poil celui qui le lit. Le monde de l’édition et ce qu’il produit par wagons entiers est comme le reste du Monde : un Monde sans faille où rien ne dépasse, où tout est lisse, un monde sans sentiment ni réflexion, un monde qui n’existe pas en réalité, mais dans lequel l’on tente pourtant de nous plonger de force à chaque jour qui passe.

*

Si tu t’imagines
Aujourd’hui, tout ce qui peut se passer dans les livres est l’exact reflet de ce que le lecteur imagine. Reste à savoir qui manque cruellement d’imagination : les lecteurs ou bien les écrivains ?

*

Quand deux mondes qui s’opposent ne font qu’un
Le monde des livres semble divisé en deux : d’un côté une gigantesque machinerie commerciale sans âme ni contenu, et de l’autre quelques petites entités qui pour combattre le grand Satan, se retrouvent à jouer le même jeu que lui, mais sans ses moyens.

*

Fine remarque
Quand on est trop fin, on passe très souvent inaperçu. Le problème est que cela est vrai autant pour le corps que pour l’esprit.

*

À l’Éternel, éternel et demi
Je ne suis pas un éternel insatisfait, mais je sais que Hachem a beaucoup plus à m’offrir que ce que j’ose à peine lui demander.

*

Freudonner
Action de chanter très bas une chanson avec des paroles si terribles que votre enfant en fera des cauchemars toute la nuit. Bien entendu, vous pouvez consulter dès le lendemain afin de faire interpréter lesdits cauchemars. Au bout de cinq consultations, et devant l’inefficacité de ces dernières, n’hésitez pas à reprendre les berceuses afin que votre enfant fasse de nouveau de beaux rêves.

*

Erreur d’appréciation ?
En lisant de nouveau la note précédente, j’espère très sincèrement que l’avenir me donnera tort. Je n’ai rien d’un prophète, je ne fais qu’observer ce qui peut bien me passer à côté.

*

Aux abonnés absents
Je m’étais abonné il y a maintenant une année à une revue de poésie qui annonçait modestement proposer à ses lecteurs une poésie de qualité. Je ne suis pas certain de m’être abonné à cette revue par affinité. Sans doute mon action était-elle intéressée, espérant certainement de façon inconsciente que ma modeste contribution pécuniaire pût un jour m’ouvrir les portes de ladite publication. Dans le dernier numéro, quelle ne fut pas ma surprise de lire « une auteure » venir heurter ma façon académique d’appréhender le genre au sein de la grammaire française. Et puis cet improbable « poème » qui, en citant nommément une marque, s’intitulait Smartphone. Que jamais une telle idée ne me vînt un jour à l’esprit !

Grâce à mon nouvel Iphone
je ne suis plus jamais aphone
Et une fois sorti de ma maison
J’avais encore accès à toutes mes applications
Aussi bien à mon dictionnaire de rimes
Qu’au petit jeu des Sim’s
Qu’il est si doux d’être un perpétuel connecté
À ce merveilleux univers virtualisé

Même si je prends les choses avec humour, j’avoue être un peu triste que la « poésie de qualité » cédât à son tour au chant des sirènes de la propagande féministe, et à un style poétique qui me rappelle parfois furieusement certains travers de la sculpture et de la peinture contemporaines.

*

Rat des villes et rat des champs
La ville rend la plupart des gens très cons, et ceux qui résistent un temps finissent un jour par déménager à la campagne. C’est peut-être ce simple mécanisme qui se cache derrière ce que les sociologues idéologues appellent très pompeusement la « ségrégation spatiale »

*

Maître contrôleur
Je maîtrise parfaitement le fait que je ne contrôle absolument pas ce que j’écris.

*

Révolte face
Les révoltés d’hier sont les petits bourgeois d’aujourd’hui. Quant aux révoltés d’aujourd’hui, où sont-ils ?

*

Nos ancêtres les Gaulois
Il suffit de prononcer cette simple affirmation pour que se précipitent sur vous tous les théoriciens de la relativité, ainsi que tout un tas d’historiens bien intentionnés qui viennent nous expliquer de façon très pédagogique que cette expression nous viendrait du Second Empire, et qu’elle ne recouvre aucune réalité historique, et donc scientifique. Hélas, tout ce beau monde passera à côté de l’essentiel, à savoir qu’il est fondamental pour une Nation, surtout quand elle est jeune, qu’elle puisse disposer de mythes fondateurs autour desquels le Peuple puisse se réunir. Ces mythes ne sont ni négociables ni à géométrie variable, ils sont ; et la question de leur supposée rationalité historique n’a absolument aucun sens. Alors peut‑être résisteront-ils au temps qui passe, et avec eux la Nation dont ils sont les piliers. Mais ça, c’est une autre Histoire…

*

De la liberté, encore et toujours
Quand on est inséré au sein d’une société (une famille, un village, une Nation), et que l’on joue le jeu, ce qui me semble être la moindre des choses, il est souvent nécessaire de faire des compromis. L’écriture, ou plutôt mes écrits, sont pour moi un espace de liberté dans lequel personne d’autre que moi n’a son mot à dire. Je me demande même parfois s’il ne serait pas préférable pour moi de ne jamais être publié, tant j’ai peur de devoir perdre cette liberté si précieuse.

*

Chez mon libraire…
« La Quinzaine littéraire : l’animal dans notre humanité »
« Canard PC : Donjons & Dragons : comment les jeux vidéo lui ont tout piqué »
Le choix des extrêmes ! ai-je indiqué d’un air amusé au libraire interloqué…

*

Gens sans terre
Le champ des possibles est souvent un domaine que se réservent les plus cultivés. Maintenant, toute personne qui se promènera au milieu des terres agricoles remarquera la présence de la pomme de terre entre l’orge et le blé.


[1Note retrouvée et datée du 09 novembre 2012

[2Terme hébreu que l’on pourrait traduire par « l’Éternel ».


[ Télécharger l'article au format PDF]

Annonces

Convalescence : les poézies de l’année 2023

Mardi 15 janvier 2024

Quand bien même notre corps aurait besoin d’une petite pause pour quelques réparations sommaires, rien n’empêche notre esprit de continuer à vagabonder : dans le ciel et sur la terre ; dans les montagnes et sur la mer…

Convalescence


Brèves

26 octobre 2023 - Chroniques d’un monde sans faille

Réorganisation de ces chroniques, que l’on retrouvera maintenant dans la rubrique "divers", (…)

25 octobre 2023 - Réflexion faite

Réflexion faite, j’ai mis en ligne mes réflexions faites de l’année en cours. Il fallait bien (…)

21 septembre 2022 - Fin d’année précoce pour les "notes de mémoire"

Cette année, les "notes de mémoire" connaissent une parution automnale. Après 9 années (…)