De l’absurdité du Monde

mardi 12 avril 2016
par  Paul Jeanzé
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Ami lecteur, je dois tout d’abord te prévenir : le monde dans lequel je vis est absurde…

Oui, ami lecteur, tu vas devoir réfléchir à ce que je viens d’écrire ; à partir de cet instant, si tu devais poursuivre naïvement ta lecture, tu devras accepter qu’il te sera dorénavant impossible de te contenter de la simple lecture de ce texte, tant cela me semblerait trop injuste ; car si de mon côté l’effort que je dois fournir est colossal pour oser prétendre jeter sur le papier tout ce qui peut s’entasser dans mon cerveau, je ne veux pas être seul à faire tout le travail ; il te sera nécessaire de t’employer pour aller à la rencontre de mon univers.

Te voilà maintenant prévenu, ta lecture ne sera pas de tout repos ; à chacune de mes phrases, tu devras faire un effort surhumain pour comprendre, pour me comprendre ; non, pas surhumain finalement, car cela n’est pas dans tes possibilités. Juste humain, sois simplement humain, et ce malgré l’ampleur de la tâche ; oui, cela me semble plus approprié, car n’est-ce pas ton humanité qui te différencie de cette pauvre bête que je vois au loin et qui ne semble pas savoir ce qu’elle fait sur cette terre ? Certes, toi non plus tu ne sais pas très bien ce que tu fais ici-bas, mais à la différence de cette pauvre bête, tu as au moins conscience d’être là ; c’est pour cette raison d’ailleurs que tu cherches désespéramment un but à ton existence. La pauvre bête elle, n’a pas cette conscience ; elle est là, à déguster paisiblement le cœur palpitant d’une autre pauvre bête, à saliver goulûment devant des rognons encore tièdes et sanguinolents ; elle mange tranquillement, jusqu’à ce que son appétit soit pleinement rassasié ; alors, tout aussi nonchalamment, elle s’en va chercher un coin d’ombre pour y faire une longue sieste.

Ami lecteur, je crois percevoir le cheminement de tes pensées ; oui, tu aimerais bien être à la place de cette pauvre bête finalement ; de celle qui mange l’autre, cela va de soi. Malheureusement, la réalité est tout autre ; tu es là, devant ton plat de viande rouge, à te demander si tu ne transformes pas en un assassin en mangeant ce mets que tu ne peux t’empêcher de trouver délicieux ; ou alors, pour tenter de te dissocier de tes frères humains, tu la manges préparée comme ceci, ou encore comme cela ; ou plutôt, tu n’en manges pas du tout et tu n’éprouves que mépris, face à ton assiette vide et silencieuse, envers ceux qui se délectent de ce que tu n’as pas.

Non, ami lecteur, ne va surtout pas t’arrêter à mes simples phrases ; et parce que je m’inquiète que tu puisses reculer devant l’ampleur de la tâche, laisse-moi te montrer, juste une fois, à l’aide de ma première phrase, quel chemin tu pourrais emprunter si tu souhaitais vraiment venir à ma rencontre sans te perdre dans ce dédale. Ainsi, si je t’écris que "le monde dans lequel je vis est absurde", l’important n’est pas tant de savoir qu’il l’est, absurde, mais que moi qui te parle en ce moment, je vis en son sein. Et un homme qui vit au milieu de l’absurdité, peut-on vraiment croire ce qu’il veut bien nous écrire ?

Cette mise en garde maintenant terminée, je te souhaite bonne chance ami lecteur, et bon voyage dans ce Monde sans faille.

Le 12 avril 2016


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