Abandon
par
Un cycliste allongé sur un coin de bitume
Du sang perle, se répand, sur le beau maillot blanc
Les journalistes volubiles, les caméras impassibles
Immortalisent ce petit instant de gloire posthume
Abandon
Très loin des barrières, bien au fond du talus
Hurle à la mort un vieil épagneul breton
Il cherche son maître au milieu du chahut
Abandon
Avachi dans son canapé
L’homme contemple le spectacle à la télévision
Peu après le dessert
Juste avant la publicité
Le coureur est mort
L’heure de la sieste a sonné
Abandon
L’appartement est vide, tout y est démeublé
Son épouse, ses enfants, toutes ses vaines illusions
Pas d’orage, un simple coup de torchon
En un instant tout fut envolé
Abandon
C’était au début du mois de juillet
Lorsque le vacancier fier de ses congés payés
S’en va sur la plage avec ses semblables s’entasser
L’homme soupire, éteint la télé…
… et se lève
Pour lui n’était pas encor venu le temps de tout abandonner